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Des priorités paradoxales pour les DRH

Actualités | publié le : 18.12.2012 | EMMANUEL FRANCK

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Des priorités paradoxales pour les DRH

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

Les DRH vont devoir jongler avec des injonctions contradictoires pendant encore quelque temps. Confrontées aux effets d’une crise qui dure, ils ont des priorités difficiles à concilier : adaptation à la crise, gestion des ressources clés et maintien de la paix sociale, selon une enquête de Towers Watson.

Selon l’enquête Perspectives 2013 du cabinet de conseil Towers Watson (1) qu’Entreprise & Carrières publie en exclusivité, quasiment toutes les entreprises (neuf sur dix) anticipent qu’elles vont continuer de subir les effets de la crise en 2013. Pourtant, leur situation n’évolue pas de manière catastrophique. Entre 2011 et 2012, elles sont à peu près autant à constater que leur situation financière n’a pas changé (30 %), qu’elle s’est dégradée (30 %) ou qu’elle s’est améliorée (40 %).

2013, plus dur que 2012

« Certes, les entreprises qui déclarent que leur situation s’est améliorée en 2012 sont les plus nombreuses, le problème est qu’elles anticipent que 2013 sera plus dur que 2012 », déclare Sofia Kettani, directrice du pôle rémunération de Towers Watson. La grande majorité (sept sur dix) seront confrontées à des enjeux de réorganisation dans l’année qui vient, principalement dans leurs entités françaises et européennes – les entités américaines et asiatiques sont moins touchées. « Cela ne veut pas forcément dire qu’elles devront licencier, estime Sofia Kettani. Il peut s’agir d’une nouvelle stratégie de marché, d’une réorganisation interne des services, d’une optimisation des coûts des fonctions support. » Certes, mais la moitié des entreprises interrogées par Towers Watson envisagent de réduire leurs effectifs en 2013, et deux sur dix de mettre en place un plan de départs volontaires.

Gérer le présent en préparant l’avenir

Dans ce contexte incertain, quelles sont les priorités des DRH ? D’abord entretenir un bon climat social (six sur dix) et recruter des talents (six sur dix), puis réduire les coûts de fonctionnement (cinq sur dix). Il est à noter que les priorités étaient exactement les mêmes au début de l’année dans une étude réalisée cette fois pour l’Essca et Bodet Software, et qui concernait des entreprises de taille moyenne. Le changement de majorité présidentielle et les premières mesures du gouvernement n’ont donc pas eu d’incidences sur l’état d’esprit des entreprises, pas plus que la multiplication des plans sociaux depuis l’été.

Cette feuille de route va donc contraindre les DRH à jouer dans plusieurs registres et sur plusieurs calendriers. « Gérer le présent tout en préparant l’avenir », résume Sofia Kettani. Primo, ils leur faudra être, à court et moyen termes, dans le registre financier du cost killer. Les mesures mises en place dans les entreprises interrogées par Towers Watson pour réduire leurs coûts sont d’abord le chômage technique, devant les plans de départs volontaires et les préretraites maison.

Mais, secundo, les DRH ne devront pas oublier d’être, dans le même temps, les pompiers du social, garants de la paix interne. Non pas tant que les risques de conflits soient importants : comme le soulignait Entreprise & Personnel dans sa note de conjoncture de fin octobre, le contexte (chômage, négociations interprofessionnelles en cours, pouvoir de gauche) est peu propice à la mobilisation. Mais le moral en berne des salariés porte en germe le risque du désengagement.

C’est même la principale crainte des PME françaises interrogées pour McAfee dans un sondage publié la semaine dernière (2). Le spécialiste de la sécurité informatique a demandé à des PME allemandes, britanniques et françaises d’indiquer les principaux risques auxquels elles sont confrontées. Les premières pointent en priorité le piratage des données confidentielles et les deuxièmes une défaillance d’un logiciel. Le risque RH n’arrive chez elles respectivement qu’en 5e et 12e positions, contrairement aux PME françaises, qui le placent en tête.

Tertio, les DRH devront prendre soin des “talents” qui émargent dans l’entreprise et en attirer de nouveaux. Un problème qui préoccupe les entreprises françaises et britanniques interrogées par McAfee, mais pas du tout leurs homologues allemandes. Ces dernières relèguent la restructuration de l’équipe de direction au-delà du 10e rang de leurs préoccupations (5e et 4e rangs en France et au Royaume-Uni). Les PME allemandes, « en particulier les PME familiales, n’éprouvent pas la nécessité de recruter du personnel externe ou d’établir un plan formel de relève des cadres supérieurs », note McAfee. Car, « dans de nombreuses PME du Mittelstand en Allemagne, les équipes de cadres dirigeants changent beaucoup moins qu’en France ou au Royaume-Uni ».

Un enjeu social

L’enjeu de la rétention des talents n’est pas seulement “business”, mais, dans une certaine mesure, social. Car « les managers de proximité continueront à être en première ligne pour mettre en place et conduire les réorganisations et l’ensemble des programmes de réduction des coûts », note Towers Watson. Or, « ils ne sont pas toujours préparés », relève Sofia Kettani. Et cela ne devrait pas changer tout de suite : la formation des managers à l’accompagnement du changement n’apparaît qu’en 7e position des priorités des DRH.

(1) Enquête réalisée en octobre 2012 auprès de DRH et de Comp & Ben de 26 grandes entreprises françaises.

(2) Enquête réalisée auprès de 1 000 décideurs de PME françaises, allemandes et britanniques.

Augmentations : vers une enveloppe de + 2,5 %

Peu d’entreprises prévoient d’augmenter davantage leurs salariés cette année que l’année dernière : environ une sur dix. Tandis que la moitié envisagent des hausses inférieures à celles de 2011, et que quatre sur dix tablent sur une stabilité de la politique salariale.

Les entreprises prévoient des augmentations médianes de 2,5 %. Au mois d’octobre, seules deux entreprises sur dix avaient démarré leurs NAO salaires.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK