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AIRBUS AMÉNAGE DES POSTES POUR LES SALARIÉS ATTEINTS DE LOMBALGIE

Pratiques | publié le : 11.12.2012 | Hubert Heulot

Airbus Nantes aménage spécifiquement quinze postes pour réintégrer sur ses lignes de production les salariés souffrant de lombalgie, système qui sera étendu dans un but préventif.

Dans les ateliers d’Airbus à Nantes, « depuis l’adoption du lean management il y a deux ans, c’est l’explosion des troubles musculo-squelettiques, et notamment des tendinites. Les compagnons sont tous cassés », déplore Laurence Danet, déléguée du personnel CGT. Ces salariés y fabriquent des longerons d’avions. Pascal Corbineau, médecin du travail confirme : « La production s’est envolée. Nous en sommes à un stade qui peut faire penser qu’il va y avoir des problèmes de santé sévères. »

Reclassement provisoire

En vigueur depuis 2010, un plan d’amélioration de la santé au travail – prévoyant la présence d’ergonomes et de psychologues dans les ateliers, la sensibilisation aux risques psychosociaux, des formations par des kinésithérapeutes à l’échauffement, la relaxation, la respiration, les bons gestes et postures – vise à diminuer les maux d’épaule, de coude, de dos, qui engendrent des arrêts de travail. « Il y a eu baisse du taux d’absentéisme de 8 % en 2010 à 5,5 % début 2012 », indique Yves-Olivier Lenormand, responsable des relations sociales à la DRH.

Mais Airbus Nantes vient d’aller plus loin en faisant homologuer cinq postes dits “cadre vert” par la Carsat des Pays de la Loire. Avant d’en créer dix autres d’ici à la fin 2013. « Ce sont des postes de reclassement provisoire, aménagés pour qu’un salarié qui s’est blessé puisse reprendre un travail exempt d’efforts physiques. Dans les cas de lombalgie, la meilleure solution est d’activer la fibre micro-musculaire atteinte pour la régénérer. Sans quoi, la lombalgie chronique et l’inaptitude guettent. Le nombre d’arrêts de travail pour lombalgie a doublé en trente ans. C’est pourquoi nous encourageons les entreprises à créer ces emplois “cadre vert”, explique Jean-Michel Bachelot, ingénieur conseil à la Carsat.

Dans les ateliers de Nantes, créer ce type de postes s’est révélé plus ardu que prévu. Les cinq “adaptations” ont pris deux ans. « Chacune d’elles a demandé 30 heures d’étude et coûté 30 000 euros », indique Yves-Olivier Lenormand. Au final, selon les critères définis par l’INRS, le salarié ne doit pas se pencher, ni en avant ni en arrière, ni porter de poids supérieur à 5 kg, et le sol ne doit pas comporter de dénivelé. L’opérateur ne doit pas non plus supporter de “charge psychosociale” spécifique, comme gérer trop d’impératifs en même temps.

« Nous abandonnons la logique de ghetto, qui cantonne parfois les emplois aménagés, notamment pour les personnes handicapées, hors de la production », explique le médecin du travail. Conçus pour les salariés atteints de lombalgie, ces postes “cadre vert” doivent leur permettre de retourner au travail, entre deux jours et une semaine après s’être blessés.

L’usine de demain

Pour Airbus, en pleine accélération de son rythme de livraison d’avions, il s’agit d’abord de perdre le moins possible de compétences, difficilement remplaçables sur ses lignes de production. L’avionneur « prépare aussi l’usine de demain » en programmant l’aménagement de 10 % à 15 % de postes “cadre vert” sur ses futures lignes de production, proportion qui lui permettra d’offrir de meilleures conditions de travail à 10 % ou 12 % de ses salariés souffrant d’une affection ostéo-articulaire. Une démarche qui sera alors vraiment préventive et non plus seulement curative. « Nous traiterons ainsi les choses à la racine », affirme Pascal Corbineau. Diagnostic contesté par Laurence Danet : « Traiter à la racine, ce serait abandonner le lean ! »

Auteur

  • Hubert Heulot