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Enquête

SALARIÉS HANDICAPÉS L’INSERTION MALGRÉ LA CRISE

Enquête | publié le : 11.12.2012 | LAURENT GÉRARD

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SALARIÉS HANDICAPÉS L’INSERTION MALGRÉ LA CRISE

Crédit photo LAURENT GÉRARD

Les initiatives d’entreprises pour l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés restent nombreuses, mais cette tendance est freinée par la crise. La capacité des employeurs à accueillir de jeunes stagiaires handicapés en fin de classe de 3e pourrait à terme changer fondamentalement la donne.

L’insertion des personnes handicapées dans le monde du travail reste un objectif pour beaucoup d’entreprises ; elle est même considérée comme un devoir par certaines. L’explosion du nombre de leurs visites sur le site Internet reseau-gesat.com, qui présente les activités et les coordonnées des établissements et services d’aide par le travail et des entreprises adaptées, en est un éclairage : avec 530 000 visites à ce jour pour l’année 2012, les créateurs du site sont encore très surpris.

De fait, sur le long terme, la situation s’est clairement améliorée, comme en a témoigné la nouvelle présidente de l’Agefiph, Odile Menneteau, le 8 novembre, à l’occasion des 25 ans de cette association. « De 1987 à 2011, plus d’un million de personnes handicapées ont trouvé un emploi grâce à l’action de l’Agefiph ; plus de 135 000 salariés déclarés inaptes à la suite de la survenance d’un handicap ont conservé leur emploi ; et 1,1 million de parcours de formation dont 45 000 contrats en alternance ont été financés par l’Agefiph. »

Bilan ? En 2011, seuls 9 000 établissements sur les 127 000 assujettis à l’obligation d’emploi n’ont mené aucune action ; 61 % des entreprises de plus de 20 salariés atteignent le quota de 6 % (contre 35 % en 1991) ; et près de 70 000 contrats de travail ont été signés par 50 000 personnes handicapées (contre 7 000 recrutements annuels de personnes handicapées en 1987). La loi y est, bien sûr, pour beaucoup.

Une population plus touchée par le chômage

Oui, mais voilà, la crise est là. En 2012, le nombre de demandeurs d’emploi handicapés connaît une progression de 15,6 % en un an avec 339 617 personnes concernées, contre + 7 % pour l’ensemble. La part des demandeurs d’emploi handicapés de 50 ans et plus (43 %) est deux fois supérieure à celle du tout public et ne cesse de progresser (+ 5 points en deux ans). Par ailleurs, l’ancienneté moyenne d’inscription au chômage des personnes handicapées continue d’augmenter et atteint 22 mois contre 16 mois pour le tout public.

D’où, l’importance de « la semaine pour l’emploi des personnes handicapées », dont la dernière a été organisée, du 12 au 18 novembre, par l’Agefiph, le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) et l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt), qui permet de braquer les projecteurs sur une multitude d’initiatives d’entreprises. Les exemples présentés dans ce dossier en témoignent : des collaborateurs de Renault testent l’accessibilité des lieux de travail, Elior Restauration Enseignement a atteint le taux de 7 % de travailleurs handicapés en harmonisant ses outils de recrutement, la chaîne de mode Happychic diffuse sa politique en utilisant la preuve par l’exemple, Mondial Assistance met ses salariés en situation de constater les obstacles liés au handicap visuel, MMA utilise un serious game contre les idées reçues et 2 500 de ses salariés y ont déjà joué… Et surtout, les initiatives réunissant plusieurs entreprises fleurissent : 50 grandes sociétés présentent leurs métiers à des postulants handicapésvia une Web TV ; plus de 10 grands comptes financent un travail sur la parole et le témoignage des salariés handicapés sur l’insertion…

Déficit de formation

Reste que des entreprises renâclent et prennent souvent argument du manque de compétences des travailleurs handicapés qui freine leur employabilité. Ce point est central : 83 % des demandeurs d’emploi reconnus travailleurs handicapés ont un niveau de qualification inférieur au bac ; le déficit de compétences et de formation est le deuxième handicap des personnes handicapées. « C’est pourquoi, en 2013, nos actions porteront sur le développement de la formation, de l’alternance et sur l’accroissement du maintien dans l’emploi des salariés handicapés », annonce Odile Menneteau. Former encore et toujours : c’est la première priorité du cadre stratégique 2012-2015 de l’Agefiph.

Mais c’est aussi pourquoi l’Arpejeh* souhaite que les stages de découverte de l’entreprise réalisés par de jeunes handicapés en fin de 3e soient comptabilisés dans le quota de 6 % imposé aux établissements de plus de 20 salariés : « Parce que c’est à l’école que tout commence », assure Boris Bertin, délégué de l’Arpejeh. La réponse des pouvoirs publics peut-être très prochainement.

* Association d’accompagnement de jeunes handicapés.

L’ESSENTIEL

1 Plus de 60 % des entreprises et établissements de plus de 20 salariés atteignent le quota de 6 % de travailleurs handicapés.

2 Mais le nombre de demandeurs d’emploi handicapés connaît une progression de + 15 % en 2012.

3 La semaine pour l’emploi des personnes handicapées a témoigné de la multiplicité des initiatives d’entreprises. La formation professionnelle des travailleurs handicapés et l’acculturation des jeunes handicapés au monde de l’entreprise seront essentielles à l’amélioration de leur situation future.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD