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Enquête

PERCEVOIR LE HANDICAP VISUEL

Enquête | publié le : 11.12.2012 | LAURENT POILLOT

Une campagne de sensibilisation vient de démarrer pour agir sur la perception de tous les handicaps, même invisibles.

Arpenter les couloirs les yeux bandés, guidé par un chien ; prendre une collation dans le noir, écrire son nom en braille. Ce jeudi de la fin novembre, près de 200 des 350 salariés en poste du site Mondial Assistance de Bagnolet (93) ont bouleversé leur quotidien. La demi-douzaine de modules de sensibilisation conçus par le Groupement des intellectuels aveugles ou amblyopes (GIAA) – c’est-à-dire dont l’acuité visuelle diminue –comprenait aussi un atelier sensoriel, pour comprendre les techniques de compensation de la perte de la vue, ainsi qu’un atelier basse vision, au cours duquel les salariés chaussaient des lunettes simulant différentes pathologies. Même la découverte des technologies de synthèse vocale était prévue au programme. « Ce jour-là, Mondial Assistance nous avait demandé toute la panoplie de nos modules, pour un seul établissement », commente Véronique Moutiez, responsable, au sein du GIAA, d’un club emploi qui revendique une vingtaine de partenariats.

Objectif de cette manifestation, bientôt reprise par tous les sites de l’assisteur en France : créer les conditions d’un accueil favorable en proposant aux salariés d’expérimenter des situations de handicap, face à des intervenants qui les vivent tous les jours : « Leur capacité d’autodérision agit positivement sur les représentations, assure Dominique Bost, directrice des initiatives stratégiques, qui pilote la politique handicap. Il s’agit de préparer le terrain pour embaucher. »

Une démarche pragmatique et durable

Pas simple, cependant, quand on sait que les recrutements s’effectuent à bac + 2. Le niveau d’emploi est donc encore modeste, convient Dominique Bost. « Nous réalisons la moitié de l’obligation légale de 6 %, indique-t-elle. Le nombre des personnes en situation de handicap a triplé depuis 2007. » L’atteinte des quotas, estime-t-elle, n’est pas un enjeu suffisant dans une période peu propice aux créations d’emploi. Elle dit privilégier plutôt une « démarche pragmatique et durable ».

Le partenariat noué avec le GIAA en est une illustration. Au-delà des modules proprement dits, Mondial Assistance a offert à ses salariés de s’engager dans une opération au long cours de mécénat de compétences. Le GIAA les formera pour lire des ouvrages destinés à alimenter un programme de librairie numérique francophone de 13 000 titres accessibles aux déficients visuels. L’entreprise abondera la moitié des jours que le salarié consacrera à l’association.

Ce partenariat doit permettre d’identifier de futurs aménagements à apporter sur des logiciels métiers, forcément hermétiques aux adaptations techniques destinées aux non-voyants. La directrice imagine à ce titre mixer des équipes d’ingénieurs et des experts du GIAA pour préparer un vivier de jeunes candidats à bac + 3

Autre initiative : la sensibilisation aux handicaps invisibles que sont les maladies chroniques évolutives qui touchent environ un Français sur cinq, telles que les affections psychiatriques de longue durée, les spondylarthrites ankylosantes, les cancers ou les infections par le VIH. La direction a confié à l’un de ses médecins le soin de préparer des conférences sur la prise en charge de ces maladies.

MONDIAL ASSISTANCE FRANCE

• Activité : assistance.

• Effectif : 1 600 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 417 millions d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT