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Petits risques, grands effets

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 11.12.2012 |

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Petits risques, grands effets

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On évoque facilement certains actes de courage des grands leaders, leur volonté d’aller de l’avant pour défendre des causes qui leur tiennent à cœur. Mais il existe aussi des dizaines de petits actes quotidiens, certes moins spectaculaires, mais à la portée de tout manager. Si seulement on osait, si seulement on s’autorisait à s’affranchir du poids des habitudes. Bien sûr, ce sont des risques mineurs, mais ils produisent de grands effets. Prenons quelques exemples.

Être authentique et parler vrai avec ses équipes. Se dégager du “politiquement correct” et de la posture du manager débordé et distant. Ce n’est pas facile, car la crainte de s’exposer en se démarquant de ce qui « se fait habituellement dans cette entreprise » est bien présente. Pourtant, quand la norme prend le pas sur l’authenticité, l’atmosphère devient vite aseptisée. Dès lors, comment les personnes peuvent-elles se motiver ? Une fois l’authenticité et la simplicité installées, on peut prendre un petit risque supplémentaire : intégrer ses collaborateurs dans les réflexions, les rendre partie prenante des décisions. À ne pas tenter si le “parler vrai” n’est pas pratiqué !

Rester humble. L’arrogance peut produire des succès ponctuels mais pas de belles réussites durables, car les personnes se fatiguent d’être peu considérées. Est courageux celui qui se met au service du projet commun et non celui qui cherche à dominer ou à avoir le dernier mot. Nous sommes sans arrêt dans des logiques de positionnement les uns par rapport aux autres, alors que le 21e siècle a besoin de dynamiques de coopération, de partenariat et de co-création. Se mettre à travailler « avec » ses collaborateurs au lieu de leur demander d’exécuter des tâches « pour soi » change radicalement l’ambiance collective.

Le courage au quotidien, c’est encore d’écouter l’autre alors qu’on brûle d’envie de s’exprimer et de lui couper la parole. Accepter le risque de le laisser aller au bout de son idée… avec peut-être la surprise de découvrir des approches nouvelles auxquelles on n’avait pas pensé. Cette attention à l’autre souligne que l’on a encore envie d’apprendre, que l’on reste curieux. L’attitude ouverte de celui qui accepte de ne pas tout savoir est cent fois plus efficace que la certitude un peu figée des “Je-sais-tout”.

Dans le même registre d’humilité, on trouve aussi l’art d’admettre ses erreurs. Là encore, on prend un petit risque, car c’est plus facile de nier le problème ou d’ignorer ses faiblesses. Mais on gagne le respect des autres. En effet, celui qui se veut invincible affiche surtout son arrogance et sa peur devant ce qu’il ne maîtrise pas. La fierté exacerbée n’est pas une qualité. Car elle rend aveugle et empêche l’interrogation sur soi qui fait avancer.

Demander aux autres des feedbacks sur soi est sans doute le plus “risqué” (en apparence) des gestes qui font progresser un leader. Mais c’est aussi le plus riche. Il faut avoir tenté plusieurs fois l’expérience pour constater que la peur d’être critiqué est plus imaginaire que réelle. En fait, quand on demande aux personnes ce qu’elles pensent, elles émettent rarement des critiques acerbes. Elles soulignent plutôt d’autres perceptions et apportent un éclairage que l’on n’avait pas vu. Alors, pourquoi se priver d’une approche aussi riche ? Il faut juste oser prendre ce petit risque… « Allez, même pas peur ! »