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SITL FORME POUR RÉINDUSTRIALISER

Pratiques | publié le : 04.12.2012 | FLORENCE ROUX

Pour passer de l’électroménager au véhicule électrique et au filtre à eau, le repreneur de l’usine Fagor-Brandt à Lyon a rebaptisé l’entreprise SITL et engagé un vaste programme de formation, de 2011 à 2015.

Septembre 2012 : la Société d’innovation et de technologie de Lyon (SITL) présente la Citélec, son premier véhicule utilitaire électrique. « Nous avons déjà dix-sept commandes », assure Pierre Millet, Pdg, qui a créé la SITL début 2011, après la reprise des 411 salariés du site lyonnais de Fagor, alors menacé de fermeture. « Jusqu’en 2015, nous allons réduire la production de machines à laver et développer les pôles automobiles et filtres à eau. »

Pour réussir cette réindustrialisation, le repreneur a engagé en 2011 un programme de formation, financé à hauteur de 9 millions d’euros par le groupe Fagor, qui doit accompagner la reconversion. « Le volet formation prévu a favorisé l’accord du CE pour le transfert des salariés, explique Isabelle de Claverie, DRH de l’entreprise jusqu’à l’été dernier, passée depuis au marketing. Le nombre d’heures de formation a progressé de 10 800 heures en 2010 à 51 000 heures en 2011 et à 22 300 début 2012. »

Enquêtes interne et externe

De mars à juin 2011, SITL a d’abord cartographié les compétences de ses salariés, d’une moyenne d’âge de 45 ans. « Nous avons réalisé une enquête interne et une externe, des entretiens annuels plus fins, avec un management très collégial, ajoute l’ex-DRH. Je n’ai pas vécu de moment aussi passionnant en ving-cinq ans de RH ». Les nouveaux postes, à l’atelier filtres ou automobiles, ont alors été ouverts par recrutement interne de volontaires, 70 “pionniers”, comme les nomme le Pdg. Ainsi, Maurice Baillard, « trente ans de machines à laver », est aujourd’hui à l’assemblage des freins de la Citélec : « Pendant l’enquête, je me suis rappelé un job dans un garage, à 16 ans : décisif ! J’ai adoré ma formation en lycée automobile. »

Espérance dos Santos, également au montage auto après « six ans de machines », est heureuse d’avoir « gardé un emploi et appris un nouveau métier. »

Pierre Campoy, opérateur depuis trente ans, est devenu technico-commercial : « On me connaissait comme syndicaliste, pas comme trésorier d’association ou conseiller municipal. C’est sur le constat de ces expériences qu’on m’a proposé de changer complètement ! »

Lean management

Les formations à la reconversion, de deux semaines à trois ou quatre mois (pour les dix chaudronniers et les sept soudeurs, notamment), n’ont pas abouti à des diplômes, mais à des certificats, dont, en 2012, une dizaine de certificats de qualification paritaire de la métallurgie (CQPM). Parallèlement, la plupart des opérateurs, cadres ou techniciens ont aussi suivi des formations au “lean management” ou au fonctionnement de l’entreprise, « afin, ajoute Isabelle de Claverie, de mieux comprendre la transition d’un grand groupe à une PME. »

Florence Lavialle, déléguée syndicale de la CGT, reste critique : « Les fonds de la reconversion ont été utilisés sur des formations peu qualifiantes. » Certes, admet Pierre Campoy, “pionnier” et délégué SUD, « mais, à la fin du processus, 90 % des salariés auront reçu une formation. Je n’ai jamais vu cela, et c’est autre chose qu’un plan social ! ».

Après la formation, selon Isabelle de Claverie, « les personnels reconvertis verront leur salaire évoluer progressivement. Mais beaucoup sont montés en grade ». Après « la formation de ces 70 pionniers, 250 personnes restent encore à former, surtout aux nouveaux produits ».

Auteur

  • FLORENCE ROUX