En 2012, le premier groupe hôtelier mondial a ouvert cinq nouveaux hôtels au Maroc avec plusieurs centaines d’embauches à la clé, dont une partie réalisée auprès de jeunes en échec scolaire, issus de milieux défavorisés. Leur formation au sein des centres par apprentissage créés par le groupe a valu à la filiale marocaine d’Accor d’être récompensée en octobre dernier, à l’occasion des 8^es Rencontres internationales de la diversité, par un trophée dans la catégorie « recrutement et intégration des catégories défavorisées ». Accor Maroc, comme toutes les filiales du groupe, dispose d’un centre de formation intégré, la fameuse “académie”, au sein de laquelle sont dispensés à des professionnels déjà en activité des modules de formation très courts aux différents métiers du groupe et au management.

Mais pour diversifier ses sources de recrutement, et alors que le rythme d’ouverture des hôtels s’accélère au début des années 2000, Accor Maroc mise, à partir de 2006, sur la formation par l’apprentissage. Un premier centre est ouvert à Agadir, suivi en 2008 par un second à Marrakech, puis en 2010 à Essaouira. Ces centres sont créés en partenariat avec la GTZ (Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit), organisme allemand de coopération bilatérale. Un fait qui ne doit rien au hasard : « Le système allemand de formation en alternance, très performant, est largement reconnu à l’international », indique Tijania Birouk Thépegnier, la DRH d’Accor Maroc.

La GTZ apporte son assistance technique pour organiser les plannings, adapter le contenu des formations, définir les volumes horaires, évaluer les apprentis. Le département de la formation professionnelle du ministère marocain du Tourisme est également partie prenante. Il alloue une subvention de 360 euros pour chaque personne formée. Les frais pédagogiques s’élèvent au total à 1300 euros par personne.

Les jeunes sont formés pendant une période d’un an. 80 % de leur temps est consacré à la pratique dans les hôtels du groupe et 20 % aux enseignements théoriques. Le cursus s’articule autour de trois métiers de base de l’hôtellerie : le service en restaurant, la cuisine et le travail en étage. Depuis l’ouverture du premier centre, 600 jeunes ont été formés. Les candidats sélectionnés sont, pour une large partie d’entre eux, en échec scolaire et issus de milieux défavorisés. « Ces jeunes nous apportent beaucoup de satisfaction », insiste Tijania Birouk Thépegnier. Les clés de la réussite ? Il y a d’abord la forte motivation des candidats à rejoindre un groupe mondial, alors que le taux de chômage touche au Maroc près de 30 % des 15-29 ans. Par ailleurs, la mise en place d’un accompagnement personnalisé et la forte implication des professionnels du groupe pour la partie formation pratique se sont révélées déterminantes, selon la DRH.

À l’issue d’une année de formation, 65 % en moyenne des candidats sont intégrés dans un établissement du groupe. Dans les hôtels Ibis, les effectifs sont réduits, « ce qui suppose une approche multicompétence. Au contraire, dans les Sofitel, tournés vers l’univers du luxe, la communication et le savoir-être sont des dimensions fondamentales », détaille Tijania Birouk Thépegnier.

Après six années d’existence, ce dispositif présente cependant une faiblesse : le manque de mobilité géographique des candidats formés. « L’attachement à la famille et à la région d’origine reste très fort. C’est pourquoi, après Agadir, nous avons dû ouvrir de nouveaux centres à Marrakech et à Essaouira. Cependant, cette démarche ne peut être dupliquée dans toutes les villes du royaume où nous ouvrons des hôtels », conclut la DRH.