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CanadaL’AIDE ÉCLAIR DE L’ONTARIO AUX SALARIÉS LICENCIÉS

Pratiques | International | publié le : 20.11.2012 | LUDOVIC HIRTZMANN

Le gouvernement de l’Ontario a créé une cellule d’urgence mobile pour répondre aux vagues de licenciements. Elle doit intervenir en une heure dans les cas de licenciements collectifs pour monter une structure locale d’aide et de suivi.

À défaut d’avoir un ministère du Redressement productif, l’Ontario dispose depuis janvier 2007 d’un comité de crise pour faire face aux licenciements massifs. L’Ontario est la province la plus peuplée et la plus industrialisée du Canada, avec 13 millions d’habitants et un taux de chômage de 8,3 %, soit 1 % de plus que la moyenne nationale. Ce “Rapid re-employment and training service” (RRTS), qui dépend du ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario, installe une cellule de réaction rapide lorsqu’une entreprise licencie plus de 50 salariés (ce que le gouvernement considère comme un licenciement massif). Le service de formation pour un retour à l’emploi rapide doit, en une heure, adresser à l’employeur et aux représentants des salariés un premier avis leur permettant de faire face aux licenciements. Grâce à ces informations, les travailleurs mis à la porte disposent de suffisamment de renseignements pour savoir où s’adresser afin de commencer leur recherche d’emploi et percevoir leurs indemnités de chômage.

Réponse coordonnée

Afin d’être le plus efficace possible, l’équipe de réaction rapide est composée de représentants des ministères, des syndicats, des organismes publics et privés locaux d’aide à l’emploi. Elle offre une réponse coordonnée et évalue les besoins des travailleurs et leur capacité à réagir dans leur environnement socio-économique. Dans les 15 ou 30 jours qui suivent les licenciements, s’il s’agit d’une très grande entreprise qui ferme ses portes, cette cellule de crise doit proposer à chaque licencié un plan pour l’aider à retrouver un emploi.

Pour ce faire, le RRTS, qui ne joue qu’un rôle de facilitateur, crée un centre d’action d’emploi sur mesure, en fonction des besoins des ex-salariés. Leurs compétences y sont évaluées et un CV réalisé dans la journée. Au besoin, le licencié est dirigé vers un centre de formation continue. Le centre d’action emploi rembourse toutes les formations dont le montant ne dépasse pas 300 dollars (NDLR : la formation continue est bon marché au Canada). Surtout, les ex-salariés se retrouvent entre eux afin de garder le contact.

« L’objectif est de les aider à résoudre les problèmes résultant de la perte de leur emploi, d’étudier toutes les options […], mais aussi de soutenir les régions touchées afin qu’elles gèrent les changements dans le marché du travail local », confie Gyula Kovacs, porte-parole du ministère de la Formation et des Collèges et Universités. « Notre gouvernement veut aider les travailleurs concernés afin qu’ils reçoivent l’aide immédiate dont ils ont besoin pour retomber sur leurs pieds », explique Glen Murray, le ministre de la Formation. La stratégie du RRTS, que l’on ne retrouve qu’en Ontario, est de toujours réagir le plus rapidement possible.

Centres d’action temporaires

Il existe actuellement 23 centres d’action emploi. Tous temporaires. L’objectif est de disposer d’une structure sur mesure toujours à jour et non sclérosée. Le géant de la viande industrielle canadienne, Maple Leaf, a par exemple licencié une centaine de salariés au printemps dernier en fermant une usine de traitement de poulets à Ayr, en Ontario. Un centre d’action a été mis en place en juin. Il fermera ses portes en mai 2013. Certains ouvriers, comme Wendy Kitchen ou Janette Herrin, travaillaient dans l’usine depuis quarante ans. « C’est ahurissant. C’est un monde totalement différent aujourd’hui », a confié Janette Herrin au quotidien local The Guelph Mercury, avant d’ajouter qu’à son époque, les CV n’existaient pas. Les deux femmes ont donc retroussé leurs manches. Elles coordonnent le centre pour les licenciés de Maple Leaf avec l’aide d’un consultant.

Outre cet exemple, le RRTS est intervenu lors des licenciements chez Chrysler, Ford, US Steel, RIM ou encore General Motors. Si le ministère de la Formation ne tient pas de statistiques sur le nombre d’emplois créés, depuis cinq ans, le RRTS est venu en aide à 166 000 travailleurs et à environ un millier d’entreprises.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN