Encore un effort, et le DRH ne sera plus le parent pauvre des directeurs! Pour l’heure, il est toujours un peu moins bien payé que les directeurs juridique, marketing et financier. C’est l’une des conclusions de l’étude exclusive “Tous les salaires de la fonction RH 2012” d’Entreprise & Carrières, réalisée par Towers Watson, qui livre sa deuxième édition.

La rémunération globale d’un DRH d’une entité moyenne (de 100 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires) est de 148 000 euros brut. À niveau de contribution égale (responsabilité, autonomie, influence…), un directeur financier gagne 13 % de plus (167 000 euros), un directeur marketing et vente est 8 % au-dessus (161 500 euros) et un directeur juridique 4 % (154 000 euros). « Ces écarts sont faibles, à peine significatifs », selon Sofia Kettani, directrice du pôle rémunération de Towers Watson. « Les rémunérations des DRH ont pres-que rattrapé celles des autres directeurs, mais elles avaient beaucoup de retard au départ, ce qui explique les écarts d’aujourd’hui. Je suis certaine que la même étude réalisée il y a dix ans aurait montré des écarts beaucoup plus significatifs », déclare-t-elle.

C’est qu’entre temps, la fonction a acquis une dimension de plus en plus stratégique. Ce constat a été maintes fois répété ces dernières années. Il est attesté par la présence accrue des DRH dans les comex. Reste que cette dimension n’est pas (encore ?) suffisamment valorisée pour permettre aux DRH d’atteindre le niveau de rémunération des autres directeurs, quoique leurs salaires progressent entre 2011 et 2012. Sofia Kettani remarque cependant que « les postes de DRH ont de plus en plus tendance à être occupés par des personnes qui viennent d’autres fonctions ». Elle cite les cas du nouveau DRH de BNP Paribas, de celui de la Société générale, et de celui d’Air Liquide. « Si cette tendance se confirmait, cela pourrait avoir une incidence sur les salaires », avance-t-elle.

En attendant, les DRH restent bien mieux payés que les autres salariés de la fonction RH. La rémunération la plus proche de celle du directeur est celle du chargé des relations sociales. Un spécialiste du sujet ayant plus de sept ans d’expérience perçoit une rémunération globale de 75 000 euros. Il devance le comp & ben qui, avec la même expérience, reçoit 70 000 euros le RRH (68000 euros) ; le spécialiste de la formation (64 000 euros) ; le recruteur (également 64 000 euros) et le responsable de la paie (49 000 euros). Ce dernier, qui souvent n’est pas cadre et dont l’emploi est essentiellement administratif, est complètement décroché par ses collègues.

À l’autre bout de l’échelle, les responsables des relations sociales et les comp & ben les mieux payés (respectivement 108 000 et 114 000 euros) font jeu égal avec les DRH des petites entités (111 000 euros), signe de l’importance accordée à ces deux fonctions par les entreprises.

Sauf exceptions, tous les salaires de toutes les fonctions progressent d’une année sur l’autre, qu’on se situe au niveau des débutants (moins de cinq ans d’expérience), des spécialistes (au moins sept ans d’expérience) ou des managers (encadrement d’une équipe). Toutefois, les rémunérations des recruteurs confirmés progressent nettement plus que les autres. Ce peut être dû à un effet de panel. En outre, il est difficile de tirer des conclusions définitives en comparant seulement deux années. Néanmoins, relève Sofia Kettani, « le travail des recruteurs est de plus en plus technique et complexe du fait de l’élargissement du sourcing ».

Les rémunérations des comp & ben font exception. Au mieux, elles stagnent, au pire elles diminuent entre 2011 et 2012. Alors que l’année dernière, les responsables rémunérations et avantages sociaux les mieux payés faisaient jeu égal avec les DRH des entités moyennes, ils ne peuvent plus se mesurer cette année qu’aux DRH des petites entités.

Explication, toujours avec les mêmes réserves sur le panel: « La fonction de comp & ben a longtemps été déficitaire en compétences. Aujourd’hui, l’expertise existe et elle est mieux partagée, ce qui diminue les tensions. On a peut-être atteint un palier, même si cette compétence est toujours recherchée », déclare Sofia Kettani. Du coup, les rémunérations des responsables des relations sociales n’ont maintenant plus rien à envier à celles des comp & ben. Elles font jeu égal au niveau débutant, sont au-dessus au niveau confirmé, mais en dessous chez les managers. De là à en déduire que la gestion des relations sociales a la même importance que celle de la masse salariale…

→ Étude réalisée à partir de plus de 5 000 données individuelles, extraites de la base de données de Towers Watson, provenant de salariés de la fonction RH en poste en mai 2012 dans 313 entreprises de tous les secteurs.

→ La rémunération globale inclut le salaire brut fixe en mai 2012 ainsi que le variable perçu en 2012 au titre de 2011, hors intéressement et participation.

→ L’étude distingue les rémunérations des débutants (moins de cinq ans d’expérience), des spécialistes (plus de sept ans d’expérience) et des managers (encadrement de niveau intermédiaire).

→ Les rémunérations des DRH sont différenciées selon la taille de l’entité qu’ils ont en charge: petite entité (moins de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires) ; entité moyenne (100 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires) ; grande entité (500 millions à 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires).

Retrouvez l’étude complète sur <www.wk-rh.fr> ; Entreprise & Carrières; docuthèque.

→ 244 000 euros : niveau de rémunération globale des 25 % de DRH les mieux payés.

→ 90 000 euros : niveau de rémunération globale des 25 % de DRH les moins bien payés.

→ Le responsable paie est le moins bien payé de tous les salariés des RH : 37 000 euros de rémunération globale pour un débutant ; 49 000 euros pour un confirmé et 63 000 euros pour un manager.

→ C’est aussi le plus âgé de toute la fonction: selon les trois niveaux d’expérience : 38 ans, 43 ans et 45 ans. En 2011, avec un panel de responsables paie encore plus âgés, les salaires étaient encore inférieurs.