À l’été 2007, un entrepreneur nantais féru d’hydraulique (étude des liquides sous pression), Patrice Legendre, investit dans son site Internet et ses outils de communication pour toucher des prospects industriels partout en France. Il vient tout juste de créer sa petite société de conseil et d’études. Il édite des mini-cours gratuits qu’il diffuse à une liste d’ingénieurs et techniciens, travaillant pour des constructeurs de matériels industriels et agricoles. Il fait d’eux un relais de son offre auprès de la direction. C’est aussi l’occasion de cibler les profils “fins de carrière” qu’il recrute pour alimenter un vivier exhaustif de compétences sectorielles, d’ouvrier à ingénieur.

Cinq ans après, il en fait travailler une trentaine – les plus jeunes ont 45 ans, la moitié ont plus de 50 ans – parmi un effectif de 40 personnes. Tous sont travailleurs non salariés (TNS). « J’ai même recruté des retraités, s’amuse Patrice Legendre. Cette expertise se perd tandis qu’il n’existe pas de cursus complet dans les écoles. Toute mon activité repose sur l’organisation de la transmission de compétences », sur les engins agricoles aussi bien que sur les moteurs de bateau.

Chaque “expert” intervient selon ses appétences et sa disponibilité. Comme formateur – externe ou interne, pour In Situ experts –, conducteur d’études en R&D, recruteur ou encore consultant éditorial, chargé de transcrire les savoir-faire dans des carnets de poche ou des supports numériques. La PME a mis au point un forum très pointu, “la Maison des experts”, dans lequel tous les problèmes techniques entraînent des partages d’expériences.

S’agissant des missions, la plupart des interventions se font par webcam. Les déplacements sur site ne s’imposent pas. « Nous faisons plus que de la formation ou du conseil, nous offrons du coaching », commente Patrice Legendre.

Comment rétribue-t-il ses seniors autoentrepreneurs ? Le dirigeant biaise, parle de tarification sur mesure : « Tous mes indépendants travaillent suivant un volume d’heures qu’ils me proposent. Je fais confiance à leur appréciation. Eux aussi savent à quoi s’en tenir. Ils sont informés de tous les devis qui les concernent. » La limite de l’exercice n’est-elle pas l’isolement dans lequel se réfugient les experts ? Elle est prise en compte, répond l’entrepreneur : « Nous organisons des conventions tous les deux mois pour nous rencontrer. »

La formule plaît à l’Aract Pays de la Loire, qui lui a consacré une étude de cas élogieuse : « Les seniors ne se concentrent que sur la valorisation de leur expertise et de ce qu’ils transmettent à plus jeunes qu’eux, apprécie Frédéric Dereau, directeur de l’Aract. Ils travaillent selon des rythmes et des modalités qui leur conviennent. » Les projets de formation devront, toutefois, davantage trouver preneurs. Car courant septembre, la PME a conclu un accord avec le cluster des formations aéronautiques Aerocampus Aquitaine. Il lui faudra encore recruter.

• Activité : Conseil, études et formation en hydraulique.

• Effectif : 40 personnes, dont 10 salariés et 30 travailleurs non salariés.

• Chiffre d’affaires 2012 : 1,68 million d’euros.