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“LA CITÉ DU TRAVAIL”

Enjeux | Livres | publié le : 30.10.2012 | P. R.

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“LA CITÉ DU TRAVAIL”

Crédit photo P. R.

Les partis de gauche partagent avec la droite libérale la croyance dans une rationalisation possible et souhaitable du travail. La gauche réformiste ou communiste adhère aux diktats néolibéraux relatifs à la productivité et au management. Cette vision commune a permis l’émergence d’un capitalisme postcommuniste en Chine comme dans les anciens pays de l’Est, véritable mariage de la carpe et du lapin. Dans nos pays, elle tend à cantonner le discours de gauche dans une logique compassionnelle, au mieux accompagnée de quelques mesurettes pour renforcer les droits des salariés ou limiter les destructions d’emploi à grand renfort d’allégements fiscaux ou d’aides publiques. Cela presque sans contrepartie en termes de droit d’accès aux choix de développement et souvent même sans droit de contrôle sur l’usage des fonds publics. Pour Bruno Trentin, grand penseur et syndicaliste italien, cette fascination pour la rationalisation technique du travail revient à réifier le travailleur, perçu comme le simple moteur nécessaire au fonctionnement de la machine économique. La traduction en français de La Cité du travail nous donne l’occasion de découvrir une pensée de gauche qui sort d’une stricte perspective productiviste. Très critique par rapport aux stratégies politiques qui visent avant tout le pouvoir, il rappelle que, dans des sociétés de travail, il ne saurait y avoir de liberté sociale sans la liberté des salariés au travail, c’est-à-dire sans que ceux-ci aient voix au chapitre sur leurs conditions de travail. Il regrette par ailleurs que, bloquée sur le compromis fordiste des Trente Glorieuses, la gauche ait complètement omis de penser la spécificité de la troisième révolution industrielle : celle de l’informatique, de la financiarisation et de la mondialisation.

La Cité du travail

Bruno Trentin, Fayard, 444 pages, 25 euros.

Auteur

  • P. R.