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FORMATION : UN MARCHÉ TRÈS CONCENTRÉ

Actualités | publié le : 23.10.2012 | LAURENT GÉRARD

44 % du chiffre d’affaires du marché de la formation professionnelle est réalisé par 1 % des prestataires, selon une étude du ministère du Travail.

La dernière analyse de la Dares* du ministère du Travail sur les chiffres 2010 du marché de la formation professionnelle continue tord le cou à quelques vieilles lunes qui circulent encore sur ce marché. Premier point : 44 % des 12,6 milliards d’euros que pèse ce marché sont réalisés par 1 % des 55 300 prestataires déclarés ! Mieux : 3 % des prestataires représentent 58 % du marché.

Deuxième évidence : 75 % du chiffre d’affaires est tenu par les prestataires privés, qu’ils soient à but lucratif ou non.

Enfin, 51 % du chiffre d’affaires de ce marché est assuré par les plus anciens prestataires, ceux existants avant 1997 (22 % de l’ensemble des organismes).

Par ailleurs, si on retient la variable du nombre d’heures-stagiaire et non celle du chiffre d’affaires, les résultats traduisent à peu près les mêmes tendances : 1 % des prestataires réalisent 28 % des heures-stagiaire ; les privés en assument 70 %; et les plus anciens 49 %.

Concentration accélérée

Autre indice de concentration : les 23 % de formateurs individuels ont subi en 2010 une dégringolade de 23,2 % de leur part dans le chiffre d’affaires global pour finir à 3 % du marché.

Tous ces constats s’observent alors que le marché a connu une forte expansionde + 9,9 % en 2010 : cette croissance a donc accéléré la concentration, et non l’inverse.

Et pourtant, malgré des chiffres récurrents depuis des années, le marché de la formation est régulièrement présenté par certains observateurs ou acteurs comme atomisé entre 56 000 prestataires, et sujet à une concurrence féroce des prestataires publics envers les privés ; un avis d’ailleurs entretenu par l’idée que ce marché devrait être une prestation de l’Éducation nationale.

La formation professionnelle serait une activité dans laquelle les nouveaux entrants “modernes” prennent facilement des parts de marché aux anciens “ringards”, et où les “petits plus souples” taillent des croupières aux “grands trop lourds”. En réalité, le marché est très concentré, au profit des privés et des plus aguerris.

Parmi les observateurs ou acteurs qui diffusent une lecture erronée de ce secteur, des parlementaires rapporteurs de textes nationaux, et des instituts d’analyse privés, auteurs de textes bancals. Mais également la Fédération de la formation professionnelle, qui a intérêt à entretenir l’idée que « c’est un marché difficile, fait d’artisans ». Tout comme par le ministère public qui ne fait pas émerger l’idée d’un marché comme les autres.

Cette présentation n’aide pas à la réflexion sur la qualité, les achats, la structure des prix, l’obligation légale fiscale et les responsabilités respectives des acteurs.

* N° 70, octobre 2012, <http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2012-070.pdf>

Auteur

  • LAURENT GÉRARD