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CanadaFOIRES AUX EMPLOIS À LA SORTIE DE RIM-BLACKBERRY

Pratiques | International | publié le : 09.10.2012 | LUDOVIC HIRTZMANN, GUILLAUME LE NAGARD

Le poids lourd des smartphones RIM, inventeur du BlackBerry, vacille. Après avoir licencié 10 % de ses salariés l’an dernier, le groupe se sépare de près du tiers de ses effectifs. Les entreprises du bassin d’emploi s’organisent pour récupérer certains de ces professionnels.

Les nuages s’amoncellent sur Research In Motion Limited, l’entreprise de Waterloo en Ontario, mieux connue sous son acronyme RIM, et plus encore pour son produit phare, le BlackBerry. Face à Apple ou Samsung, RIM a perdu la main aux yeux des technophiles. L’ex-icône technologique a eu beau annoncer, fin septembre, une hausse de sa clientèle de 78 millions à 80 millions d’utilisateurs dans le monde, elle perd des parts de marché en Amérique du Nord. Longtemps numéro un dans son domaine, elle semble entrée dans une spirale d’échec dont les conséquences sociales ne se font pas attendre. Sur un effectif de 18 500 salariés (après un pic à 20 000), le fleuron de la technologie canadienne a d’abord procédé à 2 000 licenciements en 2011, et en a annoncé 5 000 autres cet été.

Amaigrissement

« À ce jour, nous avons effectué à peu près la moitié des licenciements », confie une porte-parole de RIM, Krista Seggewiss. « C’est un message dur à annoncer, mais nécessaire », a justifié le Pdg Thorsten Heins, non sans ajouter que l’entreprise devait « être plus maigre ». Nommé en janvier à la tête de RIM, il a doublé son salaire et s’est accordé un parachute doré, estimé entre 8 et 12 millions de dollars, au cas où les choses tourneraient mal. En attendant, la présentation du produit qui pourrait sortir l’entreprise de l’ornière, le BlackBerry 10, est reportée à 2013 et le tiers des collaborateurs quittent RIM.

Environ la moitié d’entre eux habitent la région de Waterloo. Ils ne toucheront pas plus que les allocations chômage, plafonnées en Ontario à 485 dollars (382 euros) par semaine, sur une période n’excédant pas 45 semaines. RIM refuse de préciser les conditions de départ, Krista Seggewiss se contentant de préciser qu’elles ne dépasseront pas celles du droit local, soit le versement d’un préavis d’une à quatre semaines et des provisions pour congés payés.

En revanche, le gouvernement de l’Ontario et plusieurs centres d’emploi se sont unis pour donner une seconde chance aux licenciés. D’une part, RIM a annoncé la création d’un groupe de travail avec les services du gouvernement d’Ontario en amont de la restructuration et en vue de mieux accompagner les ex-salariés. Il s’agit d’un dispositif de l’administration de l’État baptisé Rapid re-employement and training service, datant de 2007, qui concerne l’ensemble des entreprises. Parmi ses objectifs habituels, la création de centres de support pour aider les licenciés à consulter des offres, se faire conseiller sur leur orientation ou des formations.

Manque de financements

L’Ontario a aussi immédiatement annoncé la mise à disposition de places supplémentaire dans les cursus entrepreneurship des deux universités locales, de Waterloo et Wilfried-Laurier, pour aider les licenciés à créer leur entreprise. Mais le bât blesse sur le financement de ces formations qui, de ce fait, tiennent surtout de l’effet d’annonce, le recteur de ce dernier établissement ayant rappelé qu’il n’avait pas reçu le premier dollar de financement public.

Communitech, organisation sans but lucratif qui rassemble les employeurs high-tech du pôle d’excellence que constitue Waterloo, a aussi organisé deux foires à l’emploi dans la région. Lors des licenciements de l’an dernier, plusieurs centaines d’ex-RIM auraient ainsi retrouvé du travail. « Nous pensons que ces salariés ont des compétences qui sont transférables dans d’autres industries, c’est pourquoi, lors de ces foires, nous avons fait appel à des entreprises hors du domaine technologique, des secteurs manufacturiers, de la vente », souligne Karen Gallant, directeur du réseautage talents de Communitech.

Il est encore trop tôt pour dire si les nouveaux licenciés retrouveront facilement un emploi. La situation économique est plutôt bien orientée au Canada, et la région de Waterloo compte plus de 800 entreprises dans le secteur des hautes technologies. À défaut, les salariés sont souvent prêts à changer de branche, d’État, voire de pays.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN, GUILLAUME LE NAGARD