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Enquête

UN PLAN APRÈS L’AUTRE

Enquête | publié le : 09.10.2012 | E. S.

Deux plans de volontariat ont été mis en œuvre chez ce spécialiste en solutions et services d’impression. Certains candidats déçus du premier ont saisi leur chance dans le suivant. D’autres se sont vu proposer des mobilités internes.

Une fusion en 2008 faisant que « certaines personnes ne se retrouvaient plus dans une organisation où le sureffectif n’avait pas été géré », selon le DRH Raphaël Zaccardi, arrivé en 2010. Un périmètre plutôt large, puisque « tout le monde pouvait lever la main, sauf les commerciaux et les techniciens ». Des indemnités de départ atteignant 26 mois de salaire. La menace diffuse de devoir faire des licenciements contraints. Chez Ricoh France, tous les ingrédients étaient réunis pour que l’appel au volontariat – effectué dans le PSE lancé en 2010 – rencontre un certain écho.

112 refus de candidatures

La réorganisation prévoyait 130 postes supprimés, 72 modifications de contrats et autant d’emplois créés. Au final, outre 6 départs contraints, 108 départs volontaires ont été validés et 112 candidatures refusées. Parmi celles-ci, la candidature d’une salariée du service d’Anne-Françoise Kerbrat, directrice formation et développement RH : « Cette collaboratrice avait depuis longtemps le projet de reprendre ses études, je n’ai pas été surprise de sa candidature. » Toutefois, son poste ne permettant pas d’opérer de reclassement, le départ de cette salariée a été refusé.

Mais il a été autorisé… dans le cadre du plan de 90 départs volontaires qui s’est déroulé à peine le PSE terminé et dont ont profité 70 autres ex-candidats malheureux. Le fait d’avoir été volontaire lors du PSE étant même un critère de priorité dans le PDV. Mieux calibré – dans chaque service, les salariés savaient combien d’entre eux pouvaient se porter candidat – le PDV était néanmoins ouvert à l’ensemble des métiers, hormis ceux de la vente. Il a ainsi poussé au départ « un certain nombre de techniciens, qui n’avaient pas pu déposer de dossier la première fois », note Laurence Jarry, déléguée syndicale CGT, pour qui « ce PDV n’a été que le deuxième étage du PSE ».

Nouveaux projets

Anne-Françoise Kerbrat a eu à gérer à ce moment-là une deuxième candidature, celle de Joëlle Attal, chef de projet. « J’avais un projet de création d’entreprise et, à cause des changements que j’avais traversés, je me retrouvais avec trop peu de travail, explique celle-ci. Je savais que les anciens candidats étaient prioritaires, mais comme ma collègue n’a pas dit tout de suite qu’elle souhaitait à nouveau partir, cela m’a poussé à me dévoiler et j’ai déposé un dossier, qui a été validé. » Finalement, son départ n’a pas été possible. « Il m’a fallu quelques jours pour gérer ma déception et me projeter à nouveau au sein de Ricoh. J’ai eu un entretien avec mes deux supérieurs pour en parler. Je leur ai expliqué ce que j’attendais de l’entreprise. Ils l’ont entendu. Aujourd’hui, on m’a confié de nouveaux projets, comme l’animation des formations managériales. »

Souhait d’évolution professionnelle

« La meilleure façon de redresser les choses, c’est de ne pas faire payer au quotidien son choix à la personne, complète Anne-Françoise Kerbrat. Il faut accepter qu’il y ait eu une période d’entre-deux. Et pour moi, qui ai souvent changé de poste, cela me paraît naturel de vouloir bouger. Mais cela est plus difficile pour les managers au-dessus, qui, de plus loin, perçoivent les candidatures comme des signes de désengagement. »

Face à une candidature au départ, les réactions des managers sont « diverses, confirme Raphaël Zaccardi. Nous avons sensibilisé certains d’entre eux au fait que ce n’est pas parce qu’un collaborateur a demandé à partir qu’il n’est plus motivé, qu’il faut plutôt le prendre comme l’expression d’un souhait d’évolution professionnelle. Les équipes RH ont également reçu individuellement les candidats dont le départ avait été refusé pour leur expliquer pourquoi on n’avait pas donné suite à leur demande, et leur présenter les opportunités en interne. Par exemple, une salariée dans ce cas est passée des RH vers la logistique ».

Reste que, en marge de ces restructurations, « nous comptons au moins 400 postes non remplacés depuis 2010, et beaucoup de départs négociés, déplore Laurence Jarry. Les commerciaux notamment ont vécu beaucoup de bouleversements et sont fatigués ». Délégué syndical CFTC, Christian Ivanes se souvient en effet que les syndicats ont dû faire face à l’insistance d’un certain nombre d’entre eux, qui « voulaient entrer à toute force dans le plan ».

RICOH FRANCE

• Activité : solutions d’impression et gestion documentaire.

• Effectif : 2 400 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 545 millions d’euros.

Auteur

  • E. S.