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Enquête

DIFFICILE DÉPARTAGE DES CANDIDATURES

Enquête | publié le : 09.10.2012 | HÉLÈNE TRUFFAUT

Leur expérience des précédents appels au volontariat a amené les partenaires sociaux de l’éditeur de logiciels à concevoir un plan sophistiqué pour parer à toute contestation. Mais l’exercice a ses limites.

Chez Oracle France, les salariés sont désormais confrontés à une fonte chronique des effectifs. Cette année, selon le comité d’entreprise, l’inspection du travail a validé 169 départs (dont 25 contraints). « Nous avons eu trois PSE importants depuis 2009 », rappelle Franck Pramotton, délégué syndical central CFDT. Pour éviter les licenciements secs, « de plus en plus problématiques vis-à-vis tant de l’inspection du travail que des partenaires sociaux ou des médias », la direction – qui ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet – recourt massivement au volontariat.

Une solution miracle ? Pas vraiment. Les conditions avantageuses de départs* génèrent toujours plus de candidatures que nécessaire. En outre, la réaction des volontaires ayant essuyé un refus « peut être vraiment violente », témoigne Franck Pramotton.

Limiter les risques d’arbitraire

Présenté par la direction début juin, l’accord de méthode et d’anticipation du plan de sauvegarde de l’emploi (signé par la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC) visait, autant que possible, à pallier ce problème. Le document établit en effet une liste de règles d’acceptation et de départage des candidatures. Y figurent, dans l’ordre, l’occupation d’un poste supprimé, l’occupation d’un poste dit “sensible”, celle d’un poste rapidement permutable avec un poste supprimé, la présentation d’un projet personnel finalisé (validé par le cabinet BPI), les résultats de l’entretien annuel d’évaluation et l’ancienneté.

« Un algorithme régit le processus de calcul des points que donne chaque critère, explique Franck Pramotton. Nous avons voulu pousser la méthodologie assez loin, afin de limiter les risques d’arbitraire et de manipulation. La direction y était également favorable. » L’entreprise a ouvert son guichet de départ le 24 juillet dernier et l’a fermé le 16 août. Le bilan ? « 190 candidatures, 63 dossiers refusés. »

Et beaucoup d’amertume. « Je n’étais pas dans la cible, mais il y avait soi disant un volant d’environ 25 postes ouverts supplémentaires sur lesquels la direction n’a jamais voulu communiquer », explique un salarié, consultant applicatif. Qui a, du coup, tenté sa chance. « Je me suis posé les questions qu’on se pose généralement à la quarantaine, quand on sait qu’on n’a plus rien à attendre de son entreprise et qu’on peut partir avec une somme conséquente. En me disant qu’étant donné l’état du marché de l’emploi, il n’y aurait pas assez de volontaires. » Et, bien que n’étant pas prioritaire, ce consultant a bâti un projet avec l’aide du cabinet d’outplacement pour bétonner sa candidature. « Ils ont très bien fait leur travail, j’ai commencé à y croire… »

Espoir déçu pour ce salarié, qui dit avoir vu partir des gens moins bien placés que lui dans les critères. « Le système n’est pas très égalitaire et je vis ce refus comme une injustice. » Il attend maintenant la prochaine réduction d’effectif. Et pointe l’effet pervers de la prise en compte de l’évaluation annuelle dans l’acceptation des candidatures. Ce que confirme Franck Pramotton : « Dans un même service, le collaborateur le moins bien noté peut partir, l’autre pas. Cela pose de sérieux problèmes en termes de motivation. Oracle préfère garder les meilleurs, mais c’est un mauvais calcul. Des salariés finissent d’ailleurs par démissionner. »

Des métiers en “sous-volontariat”

Autre limite de ce plan : certains métiers visés sont en “sous-volontariat”. Selon Franck Pramotton, une centaine de collaborateurs devraient donc être redéployés à court ou moyen terme, avec, pour certains, un changement de métier. Une seconde phase particulièrement délicate pour la commission de suivi en charge de cette mobilité interne.

* Le plan 2012 inclut notamment une indemnité complémentaire d’un mois de salaire par année d’ancienneté, et des aides pouvant aller jusqu’à 40 000 euros pour une formation longue.

ORACLE FRANCE

• Activité : éditeur de systèmes de gestion de base de données et de progiciels (filiale d’Oracle Corporation).

• Effectif : 1 800 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 826 millions d’euros.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT