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Enquête

DES EMBAUCHES POUR COMPENSER DES DÉPARTS

Enquête | publié le : 09.10.2012 | E. S.

En 2010, la direction et plusieurs syndicats du diffuseur audiovisuel ont choisi de permettre le départ de tous les volontaires, en échange de recrutements en CDD et CDI. Mais ceux-ci n’ont pas compensé les pertes de compétences.

Acte I : une grève en juin 2009 pour protester contre la suppression de 550 postes. Acte II : un accord, en janvier 2010, pour un plan de départs volontaires portant, après négociation, sur 350 emplois. Acte III : un avenant signé en juillet 2010 pour autoriser le départ, au final, de 520 à 600 personnes selon les sources.

Face aux candidatures, le spécialiste de la diffusion audiovisuelle aura donc fait le choix de permettre à tous les volontaires de quitter l’entreprise, pour peu que leur projet ait été validé par la commission de suivi. « La direction a vu avec cet avenant l’opportunité de se séparer d’un plus grand nombre de salariés pour accentuer la réorganisation et renouveler des effectifs », analyse Bruno Rabardel, délégué syndical CGT, qui n’a signé ni le PDV, ni l’avenant. « Après en avoir beaucoup débattu en section, nous nous sommes dit qu’obliger des salariés à rester dans une entreprise où ils n’ont plus envie de s’investir, alors qu’ils ont fait un autre choix professionnel, allait être trop compliqué à gérer, et certains nous mettaient la pression », justifie Philippe Heluard, délégué syndical CFDT qui a été, comme d’autres, surpris du nombre de candidats. La perspective d’avoir à faire un “PSE résiduel” pour une cinquantaine de salariés a également pesé. « Les départs supplémentaires ont facilité le redéploiement de salariés privés de poste », selon Véronique Prodhomme, déléguée syndicale centrale CFE-CGC.

Dispositifs attractifs

Pourquoi tant de succès ? La DRH Laurence Cosson met en avant l’attractivité des dispositifs (jusqu’à 43 500 euros et neuf mois de salaire de primes additionnelles) – mais ne fera pas davantage de commentaires. Véronique Prodhomme raconte : « Le plan de départs volontaires était ouvert pendant quatre mois. Au bout de deux mois, il n’y avait que très peu de candidats. En conséquence, le risque que l’entreprise choisisse un PSE se dessinait. Nous avons alerté le personnel et négocié que le départ volontaire puisse être ouvert à tous. Cela a contribué à décider de nombreux salariés à se porter volontaires. »

Lassitude ambiante

Mais c’est aussi un certain mal-être qui a joué. « Les salariés partis disposaient d’une ancienneté assez importante, en moyenne supérieure à vingt ans. La plupart ont eu le sentiment de s’affranchir d’une lassitude ambiante et de conditions de travail qui se détérioraient. Certains ont même accepté de courtes formations en guise de projet, tant leur désarroi au sein de l’entreprise était grand », ajoute-t-elle.

En échange de cette extension, la direction de TDF s’est engagée à recruter au moins 50 CDI et 30 à 50 CDD. Engagement respecté, avec, selon Véronique Prodhomme, une centaine de CDD et autant de CDI. Mais cela n’a pas été sans conséquences. « En laissant filer des spécialistes de la télédiffusion, nous avons subi une perte importante de compétences pointues, détaille Bruno Rabardel. L’expertise de ces salariés s’était construite au fil des années, elle était spécifique à TDF et ne pouvait pas se recréer en quelques mois, d’autant que beaucoup d’experts étaient partis avant d’avoir pu former leurs remplaçants. »

De plus, « cela n’a pas réglé les problèmes de charge de travail, à cause, entre autres, de l’arrivée à leur terme des contrats en CDD », ajoute Philippe Heluard. À tel point, complète Véronique Prodhomme, que « la lassitude et la démotivation font leur réapparition. Sans doute de nombreux salariés attendent-ils l’opportunité d’un nouveau PDV pour s’y raccrocher ». Reste à voir, dans ce cas, si le film, qui semble-t-il a coûté plus de 50 millions d’euros, se rejouerait de la même façon.

TDF SAS

• Activité : diffusion audiovisuelle.

• Effectif : 1 850 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 1,42 milliard d’euros (groupe TDF).

Auteur

  • E. S.