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Des liens plus précaires

Actualités | publié le : 09.10.2012 | ÉLODIE SARFATI

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Quelle était la nature de votre premier contrat de travail ?

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

Distance affective, contractualisation des relations et précarisation des contrats : ainsi se caractérisent, à l’échelle européenne, les liens entre les 20-30 ans et l’entreprise, d’après une étude de Cegos.

Pour démarrer sa vie active en contrat à durée indéterminée, il vaut mieux être anglais ou italien qu’espagnol ou français, selon une enquête de l’observatoire Cegos sur les “jeunes et le travail”, menée auprès de salariés de 20 à 30 ans et de DRH de cinq pays européens : France, Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne et Italie.

Pour la majorité des jeunes interrogés, l’insertion sur le marché du travail s’est faite par le biais d’un contrat court, avec des distorsions selon les pays (voir graphique ci-dessous), liées à des facteurs culturels et économiques. Ainsi « si, en Grande-Bretagne, 60 % des premières embauches se font en CDI, c’est parce que le droit est moins protecteur pour ces contrats de travail », avance Virginie Loye, manager de l’offre RH à Cegos. Tandis qu’en Espagne, où le taux de chômage des jeunes flirte avec les 53 %, le contrat stable « est l’exception ». En France, la précarisation est palpable puisque, « entre la précédente enquête menée en 2009 et celle-ci, la part des jeunes déclarant un premier emploi en CDI passe de 56 % à 33 % », ajoute-t-elle.

Conséquence : en 2012, la stabilité apparaît en tête de liste des facteurs d’attractivité d’un emploi dans tous les pays sauf en Grande-Bretagne, où les jeunes attendent avant tout de leur entreprise qu’elle leur offre des opportunités de carrière. Peu surprenante en apparence, cette priorité (environ 40 % des réponses dans les quatre autres pays) reflète pourtant une réelle évolution, notamment en France où la stabilité de l’emploi était, en 2009, en huitième position des attentes, loin derrière le niveau de rémunération et le contenu du poste. Ces deux items passent, cette année, en deuxième et troisième positions des préoccupations – sauf pour les bac + 5 et plus français, qui ne sont que 29 % à rechercher de la stabilité.

Mais il s’agit probablement d’un changement conjoncturel. Car à la question : « Envisagez-vous de quitter votre entreprise si elle répond à vos attentes ? », la moitié seulement des jeunes Européens répond positivement. La France fait exception : deux tiers d’entre eux, y compris les plus diplômés, sont prêts à rester chez leur employeur s’ils sont satisfaits, c’est-à-dire « s’ils peuvent évoluer dans l’entreprise », traduit Virginie Loye. Néanmoins, ils étaient plus de sept sur dix en 2009. Une confirmation du « zapping » dont serait coutumière la fameuse génération Y ? « Il faut plutôt y voir un signe de leur agilité et de leur adaptation au marché du travail, répond Virginie Loye. Les DRH ont parfois l’impression que les jeunes manquent d’engagement. Ils se plaignent que les 20-30 ans accordent la priorité à leur vie personnelle, mais ils oublient que le contrat social a changé. Les jeunes ont intégré le fait qu’ils doivent être acteurs de leur trajectoire professionnelle, ce que les entreprises elles-mêmes leur ont répété, notamment dans le cadre de la mise en place des politiques de GPEC. »

Logique contractuelle

Entre la précarisation du contrat et la valorisation de la mobilité, « le lien affectif des jeunes avec l’entreprise se distend, au profit d’une logique contractuelle ». Dès lors, les DRH ont-ils quand même intérêt à développer des politiques de fidélisation ? Oui, mais dans le cadre de « politiques globales de la diversité », estime Virginie Loye. Qui trace quelques pistes : développer le tutorat « réciproque », rythmer davantage les parcours de carrière et redéfinir le rôle et les compétences managériales vers davantage d’individualisation de la relation. Si deux tiers des jeunes interrogés attendent de leur manager reconnaissance et considération, seuls 40 % voient cette demande satisfaite. L’écart est encore plus flagrant en France, où 73 % des 20-30 ans en font une priorité, mais où cette attente n’est satisfaite que pour 43 % d’entre eux.

JEUNES DIPLÔMÉS
Le CDI résiste encore

71 % des diplômés 2001 de niveau bac + 4 et plus étaient en emploi en avril 2012, d’après une étude de l’Apec publiée le 3 octobre. Un niveau d’insertion équivalent à celui de la promotion précédente, mais toujours inférieur à celui de 2008 (77 %).

La durée de recherche d’emploi reste, en moyenne, de deux mois, tandis que les conditions d’emploi se sont améliorées : 56 % des diplômés qui travaillent ont un CDI, contre 47 % en 2009, et 63 % ont un statut cadre. Reste que « la vigilance est de mise, selon Jean-Marie Marx, directeur général de l’Apec, car le marché de l’emploi des cadres s’est fragilisé, et les entreprises ont l’intention de recruter moins de débutants qu’avant ».

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI