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EspagneBANQUE SANTANDER : UNE VILLE OASIS POUR LES SALARIÉS

Pratiques | International | publié le : 02.10.2012 | VALÉRIE DEMON

Quand la banque Santander a voulu quitter Madrid pour concentrer ses services centraux à une quinzaine de kilomètres de la capitale, elle a fait de gros efforts d’aménagement et négocié des contreparties dans un accord social.

Deux cent cinquante hectares de superficie totale, dont 170 de jardins, 21 000 arbres, dont des oliviers exceptionnels et rares apportés de l’étranger, 25 000 m2 de toits végétaux, des œuvres d’art, une garderie pour 500 enfants de 0 à 3 ans, des terrains de padel – un sport de raquettes très tendance –, des courts de tennis, une piscine, des lacs artificiels, un golf, une chapelle, un bois de 69 hectares : pour une résidence haut gamme, le tableau aurait de quoi séduire. C’est en réalité du siège des services centraux de Santander, la première banque par capitalisation de la zone euro, qu’il s’agit. La “Ciudad Grupo Santander”, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Madrid, est, comme son nom l’indique, une véritable petite ville, voulue par Emilio Botin, président de Santander. D’autres entreprises ont bien essayé de l’imiter, mais elle n’a pas d’équivalent, ni en Espagne ni en Europe.

Services subventionnés

Cette ville naît d’abord d’une nécessité, après la fusion entre les banques Central Hispano et Santander en 1999. Une trentaine d’édifices répartis dans la capitale nuisaient à l’efficacité. Les premiers coups de pioche débutent en 2002. Deux ans plus tard, le concept a pris forme sous la baguette de l’architecte Kevin Roche. Aujourd’hui, 6 700 salariés y travaillent. Ils trouvent tout ou presque sur place. Neuf restaurants, où les repas sont totalement subventionnés, et plusieurs cafétérias, une boutique, un tailleur, un coiffeur, des installations sportives, un centre médical, une conciergerie : rien n’est laissé au hasard. Pas même l’hôtel, pour loger les salariés de ce groupe international, en visite ou en formation. La majorité des services étant largement subventionnés par l’entreprise.

Une vingtaine de personnes gèrent cette ville, dont les services offrent du travail à près de 1 500 salariés de sous-traitants. « Notre comité de suivi reste très exigeant, nous définissons le type de services et le niveau. Nous pouvons résilier tous les contrats si les exigences ne sont pas atteintes », assure Rafael López, directeur des services généraux de Santander Global Facilites.

Ce ne fut pourtant pas un début en fanfare. « Il y a eu de la résistance de la part des salariés pour s’installer ici », rappelle Salvador Torres, directeur du département des Immeubles et Services. Les syndicats ont alors bien négocié cet énorme déménagement. « Ce centre devait offrir de bonnes conditions, nous avons donc négocié un accord de cadre de travail, qui n’était pas obligatoire selon la loi », assure Miguel Periáñez Díaz, secrétaire général de Commissions ouvrières au sein de Santander. Au programme : des horaires flexibles de 9 heures à 17 h 00 (même si la grande majorité part vers 19 h 00), une compensation annuelle de 2 500 euros pour travailler à la Ciudad Grupo Santander, 1 000 euros par an si le salarié vient par ses propres moyens (des navettes gratuites depuis Madrid sont aussi affrétées), une garderie. « La banque a réalisé des efforts énormes, nous pouvons parler de succès. La preuve : il y a eu parfois certains problèmes lorsque des salariés qui travaillaient à la Ciudad devait changer de lieu », assure le syndicaliste.

Salariés sous tension

« Ce qui nous intéresse, ce sont les collaborateurs, résume Salvador Torres. S’ils sont bien, ils travaillent mieux. » Ce qui n’est sans doute pas sans arrière-pensées, selon un ancien salarié : « L’implantation de tous ces services regroupés est aussi pensée pour que le personnel passe beaucoup de temps sur place, pour travailler plus. » Les syndicats nuancent : « Ce concept, auquel il est difficile de trouver des défauts, n’empêche pas l’émergence des problèmes habituels du travail. Les objectifs à atteindre dans cette banque sont très ambitieux, parfois excessifs : les salariés sont mis sous tension », estime Miguel Periáñez Diaz. Autre bémol : les collaborateurs des services centraux restent les seuls à pouvoir utiliser les services de cette ville pionnière. Et le reste des salariés de la banque se sentent parfois discriminés.

Auteur

  • VALÉRIE DEMON