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FLUIDITÉ DANS LES ATELIERS ET CHARGES ALLÉGÉES

Enquête | publié le : 02.10.2012 | V. L.

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FLUIDITÉ DANS LES ATELIERS ET CHARGES ALLÉGÉES

Crédit photo V. L.

La PME rhônalpine spécialisée dans la fabrication de pièces techniques à base de matières plastiques a utilisé le lean pour construire son projet d’entreprise, tout en associant ses salariés dans des chantiers concrets d’amélioration de leurs conditions de travail.

Pour Patrick Manducher, Pdg de Tecmaplast, pas question, avec le lean, « d’utiliser un outil juste pour réaliser une performance ». Pour lui, il s’est agi, depuis 2009, de construire un projet d’entreprise, baptisé Act (Action pour la compétitivité de Tecmaplast). Son entreprise a adhéré à Thesame, un programme de la région Rhône-Alpes dédié à l’innovation industrielle, organisationnelle et technologique des PME. Un accompagnement qui s’achève fin 2012.

« L’objectif était de redonner du sens et d’améliorer la performance, après la crise de 2008 et des charges de production qui avaient pu baisser de 30 % à 40 %, des périodes de chômage technique et quelques licenciements », affirme le dirigeant.

Des formations de l’équipe dirigeante ont été organisées et, sur 160 salariés, 40 à 50 personnes ont été initiées aux 5S (lire l’encadré p. 22), à l’analyse des flux (VSM) aux chantiers de type Kaizen et à la communication, etc. Le consultant Alain Salas, du cabinet Ligne bleue, a accompagné l’entreprise dans le déploiement de ces méthodes. « Au bout de trois ans, le taux d’implication des salariés dans des actions de lean management est de 80 % », précise Patrick Manducher.

Petites actions et grands résultats

Mathieu Musel, chef d’équipe du matin, qui a animé un chantier 5 S, constate que le nouveau marquage au sol facilite le travail des opérateurs. « Sur le plan de travail, tout est à portée de main, c’est un gain de temps et nous sommes moins fatigués au bout de huit heures de travail », abonde Annie Gros, opératrice sur presse et secrétaire du CE. Le lean peut consister en de petites actions aussi anodines que de placer un rouleau de Scotch auprès de chaque machine afin d’éviter aux salariés de le chercher et de se déplacer.

En outre, Mathieu Musel souligne que le personnel a participé à la construction de standards et que, si une personne change de poste, une documentation de qualité est toujours disponible à la même place, afin que tous travaillent de la même façon.

Les résultats ont été au rendez-vous. « Sur les stocks, nous avons gagné environ 15 % sur trois ans, 25 % en coûts de non-qualité et nous avons constaté 40 % d’incidents qualité en moins », relève Patrick Manducher.

D’autres objectifs tenaient à l’amélioration des conditions de travail. Une action sur les ports de charges lourdes a notamment été engagée. « J’ai fait un inventaire de toutes les charges supérieures à 10 kg, explique Michèle Mordant, membre du CHSCT. D’abord pour les produits semi-finis, dont le changement de conditionnement ne nécessitait pas l’autorisation des clients. Puis nous sommes passés à la vitesse supérieure pour l’ensemble des produits ; cela n’a pas posé de grandes difficultés et l’entreprise a pris en charge le surcoût lié à ces modifications. Tout le monde a apprécié ce changement, la fréquence de port des cartons est accrue mais la manipulation est moins difficile, sachant que certains cartons pouvaient peser jusqu’à 18 kg. » La règle définie a été de retenir un poids de 10 à 12 kg maximum. Et la salariée de constater que moins de plaintes pour maux de dos sont exprimées aujourd’hui.

Une action pour combattre l’absentéisme – qui atteignait 4,39 %, hors longue maladie – a également été lancée. Deux groupes de huit salariés, animés par un psychologue, ont été constitués afin d’en identifier les causes. La direction n’y était pas présente mais le responsable qualité et son adjointe ainsi que des membres du CE et du CHSCT y ont participé.

Le stress a rapidement été formulé : les opérateurs ont indiqué, par exemple, qu’on leur demandait d’identifier si une pièce était bonne ou mauvaise sans leur donner les moyens d’en juger. Autre cause de tension repérée : le fait que le poste de travail ne soit pas prêt quand le salarié prend son poste.

La direction s’est donc penchée sur la façon de donner les moyens de faire un travail de qualité et la manière de s’assurer de la bonne rotation des postes. Aujourd’hui, le taux d’absentéisme est descendu à 3,75 %. Le dirigeant ne s’estime pas « totalement satisfait », mais se félicite d’avoir engagé cette action.

Les services administratifs n’ont pas été oubliés : « Nous avons amélioré le temps de réponse pour les dossiers importants et la communication entre le service commercial et celui des études. » Enfin, le lean a aussi été à l’origine de la mise en place d’entretiens professionnels dans la PME.

TECMAPLAST

• Activité : fabrication de pièces techniques à base de matières plastiques.

• Effectifs : 160 salariés.

• Chiffre d’affaires France 2011 : 24 millions d’euros.

Auteur

  • V. L.