Coupler la maîtrise des savoirs de base, dont on sait qu’elle manque parfois cruellement à certains salariés, avec une démarche de validation des acquis de l’expérience, dont on sait qu’elle exige justement une bonne maîtrise de l’écrit et de l’oral pour exprimer ses compétences ? Telle qu’elle est présentée, l’opération DécliCC VAE paraît ambitieuse et délicate. C’est néanmoins ce qu’a décidé d’expérimenter Agefos-PME à partir du 1^er octobre à La Réunion, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et le GIP-FCIP de l’académie de La Réunion.

Ce dispositif s’appuie sur le produit DécliCC (lire Entreprise & Carrières n° 1065 et n° 1082) proposé par l’Opca dans son action pour la maîtrise des compétences clés en situation professionnelle. Il vise un public « volontaire » pour lequel la maîtrise de l’écrit est incertaine et son usage peu fréquent.

Le parcours, d’une durée de 125 à 160 heures selon les besoins des bénéficiaires, se déroulera en trois étapes : un positionnement ; une action de formation à laquelle s’ajoutera, à court ou moyen terme, un accompagnement VAE proposé par les certificateurs ; et un entretien de préconisations qui permettra, en cas de validation partielle ou d’une entrée en VAE différée, de prévoir un plan d’actions.

« Pour les salariés en situation d’illettrisme, la démarche VAE est souvent inconnue et perçue comme inaccessible, argumente Laurence Carlinet, directrice du développement d’Agefos-PME. Pourtant, la VAE est un levier pertinent pour s’engager dans une démarche de maîtrise des compétences clés et de certification. En effet, dans ce processus, ces compétences deviennent non plus une finalité, mais un moyen au service d’un projet personnel et professionnel. Afin de répondre aux besoins des territoires, nous viserons en priorité des promotions par métier ou par secteur. Ces deux dispositifs articulés permettent d’engager positivement les salariés dans un parcours de développement et de reconnaissance des compétences. »

Quelles ont été les réalisations d’Agefos-PME, en 2011, à l’attention de ses 370 000 entreprises adhérentes et de ses 5,6 millions de salariés couverts ?

Toutes entreprises confondues, l’Opca interprofessionnel (le plus important de France) a financé 3 7157 contrats de professionnalisation (21,5 % des contrats pour la France entière), en croissance de 13,5 %. Il a également engagé près de 101 millions d’euros, soit + 6,8 %, sur les plans de formation des entreprises de moins de 10 salariés (qui représentent 88 % des adhérents), et 447 millions d’euros, en croissance de 7,1 %, sur les plans de formation des entreprises de 10 salariés et plus. Tels sont les enseignements du bilan 2011 présenté le 27 septembre par Agefos-PME.

Mais, en 2011, l’Opca a également grossi et changé. Le nombre d’entreprises adhérentes a augmenté de 21,8 % par rapport à 2010, une hausse évidemment due au mercato des Opca engagé en 2009. Conséquence : sa collecte 2012 sur les masses salariales 2011 frôle le milliard d’euros : 905 millions, soit une hausse de 11,3 %. Autres conséquences : 39 % de sa collecte 2012 provient des branches qu’Agefos-PME héberge, et 77 % de ses entreprises relèvent désormais de l’une de ces branches qui ont une relative autonomie financière dans l’organisme collecteur. Agefos-PME est-il encore un Opca interprofessionnel ?