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Grande-BretagneJAGUAR LAND ROVER SE RÉORGANISE POUR PRODUIRE PLUS

Pratiques | International | publié le : 25.09.2012 | STÉPHANIE SALTI

Pour la première fois depuis sa création, l’usine de Jaguar Land Rover à Halewood va fonctionner 24 heures sur 24. Elle modifie son organisation du travail et forme sur un an les nouveaux embauchés. L’effectif y a triplé en trois ans.

Au Royaume-Uni comme ailleurs, le secteur automobile réforme son organisation du travail pour s’adapter à la conjoncture. Mais outre-Manche, il s’agit de renforcer la production. Mi-août, le constructeur Jaguar Land Rover (JLR), qui appartient au groupe indien Tata Motors, a entamé une véritable révolution culturelle au sein de son usine de Halewood, dans le Merseyside, au nord-ouest de l’Angleterre : les salariés travaillent désormais sur la base d’un roulement de trois fois huit heures afin de pouvoir fabriquer le Land Rover Freelander 2 et répondre à l’importante deman ? de pour le modèle Range Rover Evoque.

Une véritable révolution pour cette entreprise qui n’a plus recouru au travail de nuit depuis le début des années 1990, date à laquelle elle construisait des modèles Escort pour le constructeur américain Ford. Sans compter que Jaguar n’a jamais travaillé 24 heures sur 24 depuis sa création il y a cinquante ans.

Travail en trois équipes

Depuis le mois de mars dernier, date de l’annonce de cette initiative, le passage de deux à trois équipes s’est accompagné d’une série d’embauches. Mille salariés supplémentaires – sur plus de 30 000 candidatures reçues – ont été recrutés pour travailler sur les lignes de production à des fonctions d’opérateur, de superviseur mais aussi de technicien. Au total, l’effectif de l’usine de Halewood, qui avait déjà été augmentée à hauteur de 1 500 nouvelles recrues en 2011, a triplé en trois ans pour atteindre 4 500 personnes aujourd’hui. Le constructeur automobile s’est également engagé à assurer à ces candidats une formation d’une année, qui doit leur permettre d’atteindre un niveau d’apprentissage intermédiaire.

Dans la pratique, la totalité des salariés de l’usine travaillent dé ? sormais en trois équipes, qui démarrent en fonction des journées à 5 h 00 du matin. À la suite des négociations avec le syndicat TU, cette nouvelle organisation s’est accompagnée du versement d’une prime salariale hebdomadaire dont le montant est fixé en fonction du poste occupé – l’équipe de nuit ayant une prime plus élevée.

D’ores et déjà, cette réorganisation a permis de relever les niveaux de production. « Nous avons construit plus de 88 000 véhicules à Halewood en 2011, ce qui inclut seulement six mois de production du modèle Evoque, indique un porte-parole de l’usine. Ce chiffre se compare très favorablement à ceux de la production dans nos usines de Castle Bromwich et de Solihull, avec respectivement 49 937 et 151 209 véhicules construits. Bien que nous ne commentions pas nos chiffres de production à venir, il est évident que celui de 88 000 véhicules produits va être largement dépassé cette année. »

Par ricochet, l’initiative de Jaguar Land Rover a également eu un effet bénéfique sur les fournisseurs du constructeur automobile : Johnson Controls, qui construit les sièges pour JLR, a embauché 90 personnes et adopté les 3 x 8 en juillet. Même constat pour DHL. L’entreprise, qui assure la logistique pour l’usine, a recruté quelque 1 000 personnes pour Evoque, et entre 1 200 et 1 300 personnes pour soutenir l’usine de production de JLR à Solihull.

Ré-industrialisation

L’initiative de JLR n’est pas un cas isolé dans le paysage du secteur automobile britannique, qui a généré en 2010 un chiffre d’affaires de 49 milliards de livres (environ 60 milliards d’euros): au cours des dix-huit derniers mois, les grands constructeurs automobiles mondiaux, JLR mais aussi BMW, Nissan, et General Motors, se sont engagés à injecter plus de 5,5 milliards de livres dans des projets outre-Manche, avec de nombreuses embauches à la clé et une réorganisation du temps de travail. Signes que la ré-industrialisation du Royaume-Uni et l’augmentation de la production qu’elle induit ne peut faire l’économie d’une vaste réorganisation du travail.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI