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Enquête

UNE COMMUNICATION DE CRISE

Enquête | publié le : 25.09.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

L’entreprise alsacienne et lorraine de travaux publics a organisé sa communication sur les heures supplémentaires auprès des cadres, des managers de proximité et des délégués du personnel pour amortir la déception.

« La loi Tepa trépasse, mais les heures supplémentaires restent intéressantes financièrement. » L’entreprise de travaux publics Lingenheld a rodé son discours pour répondre aux premières réactions de son personnel à l’annonce de la fin des avantages sociaux et fiscaux. Les diverses lignes hiérarchiques sont chargées de le véhiculer. « Nous expliquons qu’il faut considérer la défunte loi Tepa comme un bonus. Elle a incontestablement apporté un coup de pouce au pouvoir d’achat mais, même sans elle, les heures supplémentaires continuent à représenter un avantage certain. On revient tout simplement à la situation d’avant fin 2008, qui reste bien intéressante pour les salariés et conserve le principe de travailler plus pour gagner plus », expose Francine Wind, DRH.

L’entreprise familiale d’Alsace et Lorraine a été une utilisatrice régulière d’heures sup depuis 2008, malgré la crise économique. Le total s’est élevé à 23 900 heures supplémentaires entre avril 2011 et mars 2012, par exemple, et à 16 440 heures d’avril 2009 à mars 2010.

Les chiffres parlant à tout le monde, la direction des ressources humaines a préparé des exemples concrets à l’intention des managers qui seraient interpellés. Pour dix heures sup par mois, l’ouvrier perdra certes 500 euros par an, mais conservera 1 500 euros net par an. L’Etam perdra 650 euros mais conservera tout de même 2 000 euros. Dans cette entreprise, les ouvriers travaillent selon le régime de l’annualisation avec un plafond de branche de 145 heures supplémentaires, tandis que les Etam sont mensualisés sur la base de 39 heures hebdomadaires.

« Nous avons entendu des salariés dire spontanément qu’à ce tarif, ce n’était plus la peine de faire des heures sup. En réponse, nous leur avons rappelé que nous souhaitions continuer à y recourir et que c’était aussi dans leur intérêt de continuer », ajoute la DRH.

Sébastien Kiehl, délégué du personnel et chef de chantier, reconnaît que « certains se sont demandé si cela valait encore le coup : perdre 500 euros, ce n’est quand même pas neutre, cela peut représenter un loyer ou quelques pleins d’essence. D’autres se demandaient si l’entreprise continuerait de proposer des heures sup qui lui coûteraient davantage. Le discours de la DRH nous a convaincus que c’était le cas et qu’on revenait tout simplement à la situation antérieure ».

Communication en trois étapes

La communication s’est organisée dans trois directions. D’abord vers les représentants du personnel, début août, à l’occasion de la réunion mensuelle avec les délégués. Puis vers l’encadrement et le comité de direction, fin août, et enfin, deux semaines après, vers les chefs de chantier lors de trois réunions décentralisées à Metz, dans le Bas-Rhin et dans le Haut-Rhin. Cette trentaine d’encadrants de proximité forme en effet la première courroie de transmission avec le personnel de terrain.

Le calendrier n’est pas fortuit : il vise à anticiper les remontées du terrain attendues surtout à la fin du mois de septembre et à désamorcer les réactions de colère. « C’est alors que les salariés découvriront sur leur fiche de paie le premier impact visible, août étant un mois creux », rappelle Francine Wind.

GROUPE LINGENHELD

• Activité : travaux publics et environnement.

• Effectifs : 420 salariés dont 280 en travaux publics.

• Chiffre d’affaires 2011 : 105 millions d’euros dont 52 millions en travaux publics.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON