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Enquête

LES ROUTIERS ROULENT TOUJOURS POUR LES HEURES SUP

Enquête | publié le : 25.09.2012 | C. F.

Les 1 200 routiers de GT Location conserveront leurs heures supplémentaires malgré une perte de 5 % de leur rémunération. Un recul de pouvoir d’achat que l’entreprise ne pourra pas compenser.

« Dans le transport, il n’est pas possible d’être à 35 heures, commente David Bordessoules, DRH de GT Location. La route réserve des surprises et les tournées sont souvent plus longues que prévu. Les heures supplémentaires existent depuis toujours. Et tous les routiers en font parce que cela permet de compléter leur salaire. » Dans son entreprise, les 1 200 conducteurs bénéficient d’un forfait annuel de 182 heures supplémentaires. Avec la fin de la loi Tepa, c’est en moyenne une perte de 40 à 60 euros par mois. « C’est un manque à gagner important lorsque le salaire moyen est de 1 400 euros net. Une perte de l’ordre de 5 % de la rémunération », évalue-t-il.

Des marges faibles

Le DRH a déjà prévenu les salariés qu’il n’y aurait pas de compensation possible : « L’entreprise n’a pas les moyens. Dans le transport, les marges sont faibles, autour de 2 % ou 3 % à peine. »

Pour améliorer ses marges, GT Location loue ses camions et ses chauffeurs à des secteurs diversifiés et à forte valeur ajoutée : matériaux de construction, alimentation, béton prêt à l’emploi, poussins de race destinés à l’exportation. L’activité est régionalisée au sein de ses sept filiales. Les trajets n’excèdent pas 500 km, ce qui permet d’éviter le double équipage dans les camions.

Les heures supplémentaires, nécessaires aux chauffeurs pour compléter leurs fins de mois, sont mesurées avec des cartes à puce embarquées dans les camions ou avec des chronos tachygraphes analogiques dans les véhicules les plus anciens. « Ayant des problèmes de sécurité à respecter, nous sommes très attentifs au nombre d’heures supplémentaires écoulées », précise le DRH.

Cette refiscalisation des heures sup n’incitera l’entreprise ni à diminuer leur volume par salarié, ni à embaucher. « C’est un complément de salaire important et le volume correspond à une activité qu’on ne peut fractionner. L’entreprise n’embauchera donc pas plus qu’elle ne le fait déjà », explique David Bordessoules. Disposant d’un Institut de formation, elle recrute chaque année 80 jeunes en situation d’insertion.

De son côté, Michel Dagorn, responsable CE du syndicat SUD de GT Île-de-France, précise que les salariés ne peuvent pas limiter leurs heures supplémentaires pour favoriser des embauches car « ces heures sont nécessaires pour disposer d’une rémunération convenable ».

Les responsables syndicaux de GT Île-de-France estiment que la perte de pouvoir d’achat doit être compensée. Ils vont proposer à la direction régionale Île-de-France le versement d’une prime de 400 euros. En échange, les salariés s’engageront à être plus attentifs aux petits accidents sur les véhicules. Petits accidents qui ne sont pas pris en charge par les assurances. « Nous serons plus vigilants sur ces accidents qui, comme les bris de rétroviseur, se facturent très vite autour de 350 euros. Nous réaliserons aussi autant que possible les réparations nous-mêmes », précise Michel Dagorn.

Un échange de bons procédés qu’il espère conclure avant la fin de l’année.

GT LOCATION

• Activité : location de véhicule industriel avec conducteur.

• Effectif : 1 500 salariés répartis dans 7 filiales régionales.

• Chiffre d’affaires en 2011 : 100 millions d’euros.

Auteur

  • C. F.