Ceux qu’a séduits la verve du premier livre de Zoé Shepard, Absolument dé-bor-dée !, seront heureux de retrouver les personnages plus vrais que nature qu’elle y mettait en scène : Coconne l’assistante, Don et Alix, le chef de service de la mairie – où Zoé était stagiaire – et sa maîtresse, le maire lui-même, dit Grand Chef Sioux, et Communicator, le dircom.

Nous ne pouvons que conseiller aux autres de se précipiter sur les nouvelles péripéties de cette brochette d’incapables qui dilapident à tout-va les deniers du contribuable dans des projets fumeux, montés avant tout pour permettre aux responsables de voyager vers des destinations de rêve aux frais de la princesse. Mais l’argument ici n’est plus seulement l’incompétence des managers mais bien leur malhonnêteté et leurs pratiques à la hussarde quand il s’agit de mettre au pas qui y trouve à redire. Pour avoir dénoncé l’attribution à des copains d’un marché sans recours à la procédure d’appel d’offres des marchés publics, Zoé, devenue entre-temps quasi indéboulonnable car titularisée, se retrouve mise au placard, privée de travail, d’accès Internet et épiée dans tous ses faits et gestes afin de traquer la faute lourde qui permettrait de la mettre à la porte.

On lit ce roman comme on le ferait d’une bande dessinée : avec plaisir et mauvaise conscience. Plaisir, car ce second roman comme le premier déborde d’esprit ; mauvaise conscience à partager la misanthropie un peu facile de l’auteure. Les personnages sont bien vus et la charge est convaincante. Mais un peu trop, justement, pour être politiquement correcte quand il n’est partout question que de restrictions budgétaires et de dégradation des conditions de travail.

Ta carrière est fi-nie !

Zoé Shepard, Albin Michel, 212 pages, 19 euros.