E & C : Que revèle la dernière étude annuelle menée par Mercer sur la comptabilisation des engagements sociaux, évalués sous la norme IAS 19 ?

A. Z. : Les entreprises répondent mieux à leur obligation d’information réglementée, même s’il demeure des axes d’amélioration. La norme IAS 19 permet de déterminer, de façon uniforme pour toutes les entreprises, le niveau des dépenses à engager pour les avantages sociaux payés sur plus de douze mois à tous leurs salariés français et étrangers : retraites supplémentaires à prestations définies, indemnités de fin de carrière, préretraites, ou médailles du travail pour les salariés français.

Ces engagements, qui s’élèvent à 210 milliards d’euros en 2011, sont en hausse de 14 milliards d’euros par rapport à 2010. Cette augmentation est provoquée par la baisse des taux d’intérêt à long terme, qui servent à mesurer les passifs sociaux à reconnaître. ? Elle n’est donc pas liée à la mise en place de nouveaux dispositifs.

Les entreprises maîtrisent leurs engagements sociaux. En France, où les retraites supplémentaires ont été fortement taxées, elles préfèrent créer des régimes de retraite à cotisations définies. Cette prudence s’observe aussi dans leurs implantations anglo-saxonnes, où les régimes sont à « droits acquis »: les droits à la retraite restent acquis même si le salarié quitte l’entreprise, ce qui n’est pas le cas en France.

E & C : Quel poids représentent ces engagements sociaux pour les entreprises ?

A. Z. : Cela correspond à environ un quart de leurs capitaux propres. Une part qui reste stable depuis deux ans. Les entreprises françaises sont mieux loties que les anglaises, les allemandes ou les américaines avec un poids d’engagements moindre. Ainsi, 45 % des entreprises du CAC 40 ont un engagement inférieur à 10 % de leurs capitaux propres contre 29 % en Allemagne ou 17 % au Royaume-Uni. Mais la situation est très hétérogène selon les entreprises. Certains groupes du CAC 40, fortement implantés à l’étranger comme EDF ou Alcatel-Lucent, ont des engagements très élevés. À un niveau moyen, on trouve BNP Parisbas ou STMicroelectronics. Enfin, une entreprise comme Unibail totalise peu d’engagements.