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Les constructeurs réduisent la consommation d’intérimaires

Actualités | publié le : 25.09.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

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Les constructeurs réduisent la consommation d’intérimaires

Crédit photo CHRISTIAN ROBISCHON

Alors que le Mondial de l’automobile ouvre ses portes cette semaine à Paris, les salariés du secteur comptent leurs rangs. En particulier les intérimaires, qui, depuis longtemps, servent de variable d’ajustement aux constructeurs, et dont les effectifs dans l’automobile ont maigri de 15 % en un an. Quelques initiatives tentent de leur assurer une reconversion.

Les intérimaires ne défileront pas au Mondial de l’automobile pour dénoncer leur sort. Ils sont pourtant, sinon les oubliés, du moins les négligés de la crise, dont l’ombre planera sur le showroom géant qui s’ouvre ce week-end à Paris. « Dans la tourmente que traverse le groupe, le devenir des intérimaires n’est clairement pas la priorité de la direction », souligne Christian Lafaye, délégué central FO de PSA Peugeot Citroën. Elle n’est d’ailleurs toujours pas, non plus, celle des syndicats.

Un intérimaire sur six perdu

Depuis le début de l’année, l’automobile française a perdu près d’un intérimaire sur six : le recul de l’effectif temporaire dans ce secteur atteint 14,9 % sur les sept premiers mois de 2012 par rapport à la même période en 2011, avec une chute particulièrement marquée à partir de mars, indique le Prisme, la fédération des entreprises de travail temporaire. La baisse générale de l’intérim se situe à 11 % dans le même temps. Le Prisme ne se hasarde pas à traduire le pourcentage en chiffres absolus de pertes d’emplois.

Parmi les constructeurs, PSA a déjà renvoyé plus de 2 000 intérimaires sur l’ensemble des sites en France, selon Christian Lafaye. Et les comités d’établissement qui doivent se tenir à la fin de cette semaine pourraient aggraver ce chiffre. L’usine de Mulhouse s’est séparée de 800 salariés temporaires en deux temps. Sochaux et Rennes en ont fait de même cet été à raison de 300 chacun. Trois cents non-renouvellements supplémentaires sont imminents à Sochaux, les 400 intérimaires d’Aulnay risquent d’être ramenés à la portion congrue dans les prochains mois avec l’arrêt d’une équipe et l’incertitude plane fortement sur une partie des 1 300 intérimaires de Poissy.

Renault, de son côté, avait annoncé en juin une coupe claire dans ses effectifs non permanents, sans en préciser le détail ni le chiffrage.

Le plus fringant Toyota n’échappe pas au phénomène ?: l’intérim dans son usine de Valenciennes a diminué d’environ 400 unités ces derniers mois pour atteindre 590 aujourd’hui (pour 3 000 permanents). Les embauches pourraient reprendre au printemps prochain avec la production de la Yaris destinée à l’Amérique du Nord, « mais il faudra pour cela que la conjoncture automobile le permette, ce n’est pas acquis », indique un porte-parole de l’usine. À Sarreguemines, le complexe Smartville, formé par l’usine Smart de Mercedes et ses sous-traitants sur place, est parvenu, sur les douze derniers mois, à stabiliser l’intérim à son niveau certes limité de 150 personnes (pour 1 500 permanents), grâce à la bonne tenue des ventes du modèle Fortwo et aux lancements récents et prochains de nouvelles versions.

Recours au chômage partiel

La crise automobile percute d’autant plus les travailleurs temporaires que les groupes entendent d’abord « préserver » leurs salariés permanents et leur mode de production. Face à la nécessité de baisser la production de la 308, PSA Sochaux a envisagé deux hypothèses : diminuer la cadence horaire à effectif constant ou supprimer une demi-équipe. Elle a choisi la ? seconde, ce qui se traduira par le renvoi de 300 intérimaires, priés de céder leur place aux permanents de l’équipe supprimée, qui se reclassent dans un autre atelier.

Autre recours classique face à la diminution des cadences : le chômage partiel. Mais la situation est telle que les deux se combinent. « Quand la baisse d’activité est importante, les employeurs ont besoin de mesures plus sévères que l’arrêt des heures supplémentaires ou le chômage partiel, c’est ainsi », souligne François Roux, délégué général du Prisme.

Avenir sombre

L’avenir des intérimaires de l’automobile va d’autant plus s’assombrir qu’ils seront les victimes par ricochet des suppressions de postes permanents. À PSA, qui veut reclasser les 3 000 permanents d’Aulnay, la CGT relève la coïncidence site par site entre le nombre de postes offerts et celui des intérimaires. « À Sochaux, les 700 emplois proposés équivalent peu ou prou au nombre de postes occupés par des intérimaires. Les licenciés au final, ce seront les précaires. Et remarquons que des CDI vont occuper des postes officiellement liés à un accroissement temporaire d’activité », déclare son responsable de section Bruno Lemerle.

Maintien des compétences

La baisse de l’intérim semblant partie pour durer dans l’automobile, les initiatives émergent pour faciliter la reconversion des salariés. Dans le Nord-Pas-de-Calais, syndicats et entreprises de travail temporaire ont œuvré de concert afin d’obtenir des pouvoirs publics leur éligibilité au contrat de sécurisation professionnelle : 700 anciens intérimaires de Toyota démarrent à la rentrée leur parcours en CSP, qui est identique à celui d’un ex-CDI. « Il y a un enjeu fondamental du maintien des compétences et du maintien dans une situation de travail », souligne François Roux, qui souhaite la reproduction dans d’autres bassins automobiles.

« On ne voulait pas laisser en rade un nombre si important de salariés sous prétexte qu’ils ne sont pas licenciés au sens strict », ajoute Philippe Foucart, responsable de la CFDT métallurgie Nord-Pas-de-Calais. Cette région avait déjà mené, de 2009 à 2011, l’action de reconversion « Pole position » pilotée par Afpa Transitions à l’intention de 1300 intérimaires de l’auto. Les deux tiers ont retrouvé un emploi ou suivi une formation qualifiante.

Formations de transition

Par ailleurs, Randstad vient de lancer un dispositif de passerelle rapide de l’automobile vers l’aéronautique, partant du constat qu’une « dizaine de qualifications du secteur automobile permettent d’envisager une reconversion vers l’aéronautique en plein essor ». Les formations de transition de six à dix semaines sont ouvertes à tous les salariés du secteur automobile mais elles intéresseront d’abord de fait les intérimaires, estime le groupe. Trente à 50 personnes devraient suivre les trois premières sessions organisées d’ici à la fin de l’année. ?

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON