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MarocSAFRAN AIME LES FEMMES

Pratiques | International | publié le : 11.09.2012 | ISABELLE ARBONA

Le groupe français emploie dans le royaume 70 % de femmes. Loin d’être cantonnées à des postes subalternes, elles occupent aussi des postes de direction, dans un pays où les femmes en sont encore souvent exclues.

« Ce qui me plaît, c’est le haut niveau de technologie, l’innovation participative, la créativité », déclare Mounia Hmine, enthousiaste. Cette jeune femme brune est chef d’atelier composites à Aircelle Maroc, l’une des six filiales du groupe Safran. À la tête d’une équipe de 90 personnes, sa mission consiste à réaliser des présentations et surtout à gérer l’atelier de composites.

Titulaire d’une licence en droit et d’un diplôme de technicien, Mounia Hmine a, avant d’accéder à ce poste, suivi des formations en interne chez Aircelle, et également à l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA). Un cursus professionnel exceptionnel ? Comme Mounia Hmine, elles sont des centaines de femmes à travailler dans les différentes filiales du groupe aéronautique implanté au Maroc depuis une dizaine d’années.

Fedwa Chraibi, elle, est responsable méthode chez SMES à Casablanca : « Cela surprend souvent quand je dis que je travaille pour une entreprise qui répare des moteurs d’avion. D’abord parce que je suis une femme dans un domaine masculin, mais aussi parce qu’il s’agit d’une technologie de pointe et que nous sommes au Maroc », reconnaît la jeune femme.

De l’autre côté de la Méditerranée, le groupe Safran développe cinq activités industrielles très différentes autour du câblage, de l’assemblage, des matériaux composites, de l’entretien des moteurs et de l’ingénierie technologique dans l’aéronautique. Au total, il compte 2 700 collaborateurs opérateurs, techniciens et ingénieurs. Et près de 70 % d’entre eux sont des femmes ! « Pour certains métiers comme le câblage ou les matériaux composites, qui demandent une très grande dextérité manuelle, nous nous sommes rendu compte que les jeunes femmes développaient de grandes aptitudes », explique Hamid Benbrahim El Andaloussi, délégué général de Safran Maroc.

44 % de l’encadrement est féminin

Mais à Safran, les femmes sont aussi là où on ne les attend pas naturellement : elles sont DRH, directrice financière, de la supply chain ou de la qualité… Au total, 44 % des postes d’encadrement sont occupés par des femmes. Un taux qui interpelle les grandes entreprises marocaines et les professionnels des ressources humaines. À tel point qu’en mars 2012, le groupe a organisé à Rabat une rencontre sur le thème : femme, industrie et développement.

« Les femmes jouent un rôle important dans le processus de modernisation du pays et son évolution sociale et sociétale », affirme avec enthousiasme Hamid Benbrahim El Andaloussi. Et de faire remarquer que, depuis quelques mois, c’est bien une femme, Miriem Bensalah Chaqroun, qui a pris la tête du patronat marocain, la CGEM.

Une démarche pragmatique

Pour autant, il reste bien difficile de détailler les recettes qui ont conduit Safran Maroc à employer une majorité de femmes. À écouter son délégué général, les choses semblent s’être faites naturellement, sans doctrine ni même politique formalisée à l’égard de l’emploi des femmes. Pas question non plus pour lui d’opposer les hommes aux femmes : « La gestion de nos ressources humaines obéit à une démarche pragmatique et porteuse de progrès pour le groupe », résume-t-il.

L’investissement en formation est, il est vrai, un enjeu de taille pour le groupe : l’ensemble des collaborateurs ont un niveau d’éducation minimal de bac + 2, complété par des formations en interne ou de l’Institut des métiers de l’aéronautique. Ouvert en 2011, il est le fruit d’un partenariat entre l’État marocain, le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas) et l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM).

Safran Maroc a également conclu des partenariats avec des écoles d’ingénieurs et des universités, notamment l’université Al Akhawayn, à Ifrane, et l’Institut des postes et des télécommunications. « De quoi renforcer la promotion interne et offrir des perspectives de carrière à l’ensemble des collaborateurs », assure Hamid Benbrahim El Andaloussi.

Meriem Chebba, responsable fabrication dans la filiale Safran-Labinal à Rabat, partage cet avis : « Ma carrière, c’est comme une deuxième vie. »

Auteur

  • ISABELLE ARBONA