Le conflit s’intensifie entre les professionnels du ciseaux. D’un côté, la Fédération nationale de la coiffure (FNC), adhérente de l’UPA, et pro-Opcalia. De l’autre, le Conseil national des entreprises de coiffure (Cnec), adhérant à la CGPME, et pro-Agefos-PME. Schématiquement : les artisans coiffeurs contre les grandes enseignes. La FNC s’oppose à l’« accord à la hussarde », signé le 2 juillet dernier par le Cnec et la totalité des syndicats (FO, CFTC, CFE-CGC, CFDT et CGT) désignant Agefos-PME comme Opca de branche. « Nous ne resterons pas les bras ballants ! », tempêtait Bruno Lefebvre, vice-président de la fédération (et ex-président de l’Opcams, Opca qui réunissait tout le secteur avant la réforme des collecteurs) à l’occasion d’une conférence de presse organisée par la Fédération et Opcalia le 3 septembre. « S’il faut aller jusqu’au bout de la procédure d’opposition à l’accord, ajoutait-il, le Medef sera aux côtés de la FNC. On ne peut pas laisser une minorité agissante complètement intégrée à Provalliance* imposer sa loi à toute une branche. Nous avons en notre faveur de nombreuses perspectives de financement de la formation proposée par Opcalia et nous allons nous battre. »

Ce différend patronal a éclaté au grand jour en pleine réforme des Opca. À l’origine, tous les coiffeurs adhéraient, pour la formation de leurs salariés, au défunt Opcams (artisanat des métiers et des services), qui n’a pas résisté au seuil fatidique de collecte de 100 millions d’euros et qui a vu ses branches s’éparpiller entre plusieurs Opca. La coiffure, elle, n’a pas réussi à choisir entre Agefos-PME et Opcalia, et a, comme la loi le prévoit, laissé ses adhérents choisir eux-mêmes entre l’un et l’autre. Bilan : plus de la moitié (54 %) des entreprises (17 200) ont ainsi confié leurs contributions à Agefos-PME (soit 4,75 millions d’euros de collecte en 2012) et les quelque 15 000 autres salons se sont tournés vers Opcalia (3,28 millions de collecte). Mais, argumente la FNC, « la décision de la DGEFP de revenir à la contribution légale pour les moins de 10 salariés a réduit de moitié la collecte, et 20 % d’adhérents se sont évaporés, ne sachant pas à quel Opca cotiser… ». La FNC estime donc que ces chiffres « chaotiques » ne témoignent en rien de la représentativité patronale, et maintient son choix pro-Opcalia.

En juillet dernier, le Cnec et les cinq fédérations syndicales ont cependant décidé de prendre une position claire pour l’ensemble de la branche et ont choisi un seul Opca, Agefos-PME, pour respecter le principe de « cohérence du champ professionnel ». Malgré l’intervention d’un médiateur nommé par la Direction générale du travail, aucune issue n’a pu être trouvée. Aujourd’hui, Bruno Lefebvre comme Pierre Szlingier, SGA du Cnec, déplorent ces déchirements, alors qu’« on observe une forte appétence des salons de coiffure pour la formation et que le secteur a besoin de recruter ». La FNC demande qu’un « vrai appel à projets » soit fait par les deux Opca pour que la branche choisisse « en toute sérénité ». La réponse viendra-t-elle de la DGT ?