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LES “AILES DE LA VILLE” MÈNENT VERS L’EMPLOI

Pratiques | publié le : 04.09.2012 | VALÉRIE GRASSET-MOREL

Apprendre un métier en restaurant un avion du musée de l’Air et de l’Espace du Bourget… Pour des jeunes du “9-3” en difficulté d’insertion, le rêve devient réalité.

À la fin des années 1970, l’hydravion de type Short Sandringham baptisé Bermuda terminait sa longue carrière en Polynésie française. Ce “vaisseau volant”, héros de la Seconde Guerre mondiale, reconverti dans le transport commercial, est désormais une pièce de musée dont un exemplaire se trouve au Bourget (93). Il sert aussi de support pédagogique à des jeunes souhaitant découvrir les métiers de l’aérien dans le chantier d’insertion inauguré en novembre 2008 par le musée de l’Air et de l’Espace au sein de l’association “Les ailes de la ville”.

Motivation exigée

Les jeunes et les demandeurs d’emploi qui y travaillent sont recrutés par l’association en contrat unique d’insertion-contrat d’accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE), d’une durée de neuf mois en moyenne, et sont formés dans le cadre d’une période de professionnalisation financée par Opcalia Île-de-France. « Nous n’exigeons aucune compétence technique particulière des candidats, pour la plupart âgés de 18 à 23 ans, qui nous sont envoyés par les missions locales ou Pôle emploi : juste une vraie motivation pour apprendre un métier tout en restaurant une pièce de collection du patrimoine aéronautique », précise le directeur de l’association, Rachid Bradaï. Ces jeunes sont formés aux métiers de la chaudronnerie avion, de la mécanique, de la sellerie et de la menuiserie.

La formation théorique est dispensée par l’Aforp, centre de formation de la métallurgie. La formation pratique s’effectue dans les ateliers “mécanique” de l’association, installés grâce à une dotation du fonds A2I (Agir pour l’insertion dans l’industrie) de l’UIMM. Les jeunes y restaurent les deux flotteurs, les sièges et les hélices de l’hydravion, ainsi que les moteurs grippés par quarante ans d’inactivité.

Le réapprentissage des savoirs de base et des règles du savoir-vivre font également partie de la formation. « La plupart sont en situation d’échec scolaire, beaucoup ont été orientés par défaut. Le fait d’être associés à un projet de restauration aussi prestigieux que celui du Bermuda, dans un cadre grandiose, leur permet de croire à nouveau en l’avenir », note le directeur. « Avant « Les ailes de la ville », il n’existait pas de chantier d’insertion dans l’aérien avec, comme vecteur pédagogique, la restauration du patrimoine aérien, précise Farida Belmessaoud, directrice du département aérien d’Opcalia (ex-Adagio). Nous avons très vite compris l’intérêt de combiner préformation et remotivation de jeunes décrocheurs. »

Trois promotions

Trois promotions de jeunes se sont succédé sur le chantier depuis son lancement. Sur le premier groupe de 15 salariés, 12 se sont réinsérés dans différentes entreprises du secteur industriel, de l’aéronautique et de l’aérien : Air France industries, la SNCF, Areva… Sur le deuxième groupe de 15 jeunes également, 11 ont trouvé un emploi pérenne. En 2011, l’insertion a été plus difficile pour les 21 jeunes de la troisième promotion, plus en difficulté que leurs aînés. « Treize ont trouvé un emploi, précise Rachid Bradaï. Les autres font encore un bout de chemin avec nous. »

Le budget annuel de l’association est de 400 000 euros : 65 % proviennent de l’État au titre des CUI-CAE, 35 % de fonds privés (Fondations Safran pour l’insertion et Aéroports de Paris, Fonds A2I de l’UIMM notamment). Depuis 2011, Opcalia finance une partie des coûts de formation à hauteur de 35 000 euros par an.

POE collective

Ce partenariat, initié par la Fédération nationale de l’aviation marchande (Fnam), a incité le CFA des métiers de l’aérien (Afmaé) et le département aérien et services aux transports d’Opcalia à mettre en place, sur le même plateau technique que celui des “Ailes de la Ville”, une préparation opérationnelle à l’emploi (POE) collective au profit de jeunes demandeurs d’emploi domiciliés en Île-de-France. Seize candidats ayant un projet professionnel en lien avec les filières aéronautiques ont été sélectionnés avec l’aide de Pôle emploi. Trois jeunes originaires d’outre-mer ont été orientés vers ce dispositif par L’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (Ladom Île-de-France). À l’issue de la POE, Opcalia et l’Afmaé mobiliseront les entreprises de la branche pour qu’elles proposent à ces jeunes des contrats de professionnalisation, un emploi direct en CDI ou CDD de plus de 12 mois ou un contrat d’apprentissage.

Toujours en quête de nouveaux partenariats financiers et depuis qu’elle est éligible à la taxe d’apprentissage, l’association envisage d’ouvrir un nouveau chantier d’insertion sur les métiers de l’assistance aéroportuaire.

Auteur

  • VALÉRIE GRASSET-MOREL