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ÉLISE CRÉE DES CURSUS SPÉCIFIQUES POUR SES SALARIÉS HANDICAPÉS

Pratiques | publié le : 28.08.2012 | FRANÇOIS LECOCQ

La société lilloise spécialisée dans la collecte sélective de déchets en entreprise a tissé des partenariats avec des organismes de formation afin de construire des cursus ad hoc pour ses salariés handicapés.

« Si nous assurons depuis l’origine une politique RH classique en matiè­re de recrutement, formation, gestion de carrière et d’accompagnement social de nos salariés, nous avons décidé d’aller plus loin il y a trois ans en recrutant une RRH spécifiquement dédiée aux problèmes de formation de nos salariés handicapés. L’objectif était de leur proposer des formations plus personnalisées qui n’existaient pas sur le marché, à la fois pour répondre aux exigences fortes des différentes formes de handicaps et à celles de nos métiers de collecte et de tri des déchets », assure Alexis Pelluault, directeur général d’élise. Créée en 1997, à Wambrechies (métropole lilloise), par Bruno Meura et Alexis Pelluault, Élise est une entreprise d’insertion qui trie et valorise les papiers, les cartons et d’autres déchets collectés dans les entreprises et les administrations. Elle emploie 134 salariés dont 80 % d’handicapés sur sept sites en France.

Visuel et mises en situation

Comme toutes les entreprises qui s’attaquent à la question de la formation des salariés handicapés, Élise a dû relever deux défis : d’une part, les conséquences de la mauvaise expérience scolaire et les échecs qu’ont le plus souvent subis les salariés de l’entreprise et, d’autre part, l’absence d’organismes et de cursus de formation vraiment dédiés à ce public. Il lui fallait donc non seulement concevoir des contenus ludiques, avec l’apprentissage souvent indispensable des savoirs de base non acquis, mais aussi les adapter aux différents handicaps rencontrés : physique, mental et social, surdité. »

Bilan : quatre modules - sauveteur secouriste au travail, équipier première intervention, éco-conduite chauffeur, sensibilisation à l’environnement - ont été créés en partenariat avec les organismes de formation ECF et AJF Formation. Avec deux obligations pédagogiques : « Que leurs contenus misent sur les visuels et les mises en situation, et que leur durée respective varie d’une à deux journées », précise Samira Aitidir, la RRH.

Évolution horizontale

En termes de parcours de formation, chaque nouvelle recrue doit d’abord suivre une formation de base à la sécurité (1 h 30) et au métier du tri des déchets (1/2 journée), puis lui est proposé un parcours individualisé dans le cadre d’une GPEC et sur la base du volontariat, « pour éviter tout blocage de principe, poursuit la RRH. Compte tenu de notre activité et de notre volonté de pérenniser les emplois, la mobilité verticale des parcours est limitée et nous favorisons l’évolution horizontale vers d’autres métiers ou d’autres responsabilités au sein d’un même métier ».

Samira Aitidir suit ainsi régulièrement chaque collaborateur en entretien individuel. Deux rendez-vous annuels sont systématiquement prévus pour les questions de formation et d’évolution professionnelle auxquels s’ajoutent des entretiens d’accompagnement social dès que nécessaire. Les parcours de formation sont de surcroît adaptés en fonction des expériences préalables acquises soit dans l’entreprise pour ceux qui en étaient déjà salariés avant 2011, soit ailleurs pour ceux qui ont été embauchés depuis. Autre originalité du dispositif, la formation éco-conduite se déroule dans l’organisme de formation partenaire (ECF) avec d’autres stagiaires de droit commun.

Bilan ? « Les échecs existent, mais chaque formation fait l’objet d’un débriefing avec le salarié, le formateur et moi-même, conclut Samira Aitidir. Même si le salarié n’a pas validé le module concerné, on en tient compte pour construire un parcours de formation réorienté. » Dix-huit mois après sa mise en place, tous les salariés ont suivi et validé le nouveau dispositif de formation.

C’est justement ce bilan qui a été salué au printemps par l’Union nationale des entreprises adaptées (Unea) qui a remis à Élise un prix pour sa politique de formation et d’insertion professionnelle. « Tout en restant une structure de taille intermédiaire, Élise prouve qu’il est possible d’innover, en impliquant tous les collaborateurs sur la base du volontariat, en accompagnant et en sécurisant les parcours professionnels et en créant des formations adaptées aux différents handicaps en partenariat avec des organismes de formation traditionnels », argumente Sébastien Citerne, directeur général de l’Unea.

Auteur

  • FRANÇOIS LECOCQ