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À ALÈS, MERLIN GÉRIN AFFRONTE LES TMS

Pratiques | publié le : 28.08.2012 | SOLANGE DE FRÉMINVILLE

L’usine Merlin Gerin d’Alès a réalisé de multiples aménagements pour prévenir les TMS. Mais le nombre de maladies professionnelles ne faiblit pas, dans un climat social tendu. La solution pourrait se trouver dans une démarche plus globale.

Des efforts pour préve-nir les troubles musculo-squelettiques (TMS), Merlin Gérin en fait sans aucun doute. Cette filiale du groupe Schneider Electric, qui emploie notamment 365 personnes à la fabrication de disjoncteurs modulaires à Alès, porte en effet une attention particulière à ce fléau. Son principal souci : un atelier de montage manuel, où 40 ouvrières font des gestes répétitifs à une fréquence élevée, tandis que le reste de l’effectif travaille sur des lignes de production automatisées, où les risques sont moindres. L’entreprise a mis la priorité sur la réduction des contraintes biomécaniques. Le responsable de la sécurité, avec l’aide du médecin du travail et du pôle ergonomie du groupe Schneider, aménage les postes de travail pour diminuer les gestes répétitifs et les efforts articulaires. La réorganisation du travail a aussi permis d’introduire de la polyvalence et une rotation des postes dans l’atelier de montage manuel. Une formation technique à la manipulation est destinée à éviter les douleurs aux épaules. Par ailleurs, le suivi des restrictions au travail, pour les salariés souffrant d’une gêne persistante à un membre, fait l’objet d’une collaboration étroite entre médecin du travail et management.

Baisse des risques, mais persistance des maladies

Merlin Gérin, qui inscrit cette démarche dans une politique de prévention globale, peut ainsi se prévaloir d’une diminution de 45 % des risques liés aux gestes répétitifs depuis 2008 et d’une baisse de 64 % de l’ensemble des ris­ques. Pour autant, le nombre de maladies professionnelles dues aux TMS ne diminue pas. « Depuis dix ans, nous avons 50 à 60 cas », déplore Michel Debouverie, directeur du site industriel. Début 2012, cinq nouvelles maladies ont été reconnues. Ne dissimulant pas son agacement, la direction en conteste trois, les salariées concernées travaillant sur des lignes automatisées. Les années précéden­tes, il lui est déjà arrivé de porter des cas devant le tribunal des affaires sociales.

Selon la CGT, syndicat majoritaire, la persistance des TMS s’explique par « le maintien de l’atelier manuel et le vieillissement des salariés, la moyenne d’âge étant de 49 ans. Des ouvrières, embauchées il y a trente ans ou plus, ont été très longtemps affectées au montage manuel. Même si certaines travaillent depuis quelques années sur des postes automa­tisés, le traumatisme est là ». En outre, le syndicat met en cause le lean manufacturing, « la forte pression au rendement », et l’augmentation de la proportion d’intérimaires. Et il dénonce le climat social tendu, Merlin Gérin ayant annoncé son projet d’augmenter le temps de travail de 16 jours et, par ailleurs, achevant de supprimer 108 postes, dans le ca-dre d’un plan de GPEC engagé en 2009.

Démarche Evrest

En décembre 2011 et janvier 2012, à la demande de Merlin Gérin, la Carsat est intervenue avec l’INRS. Ces spécialistes de la santé au travail recommandent « une vision plus macro », intégrant l’ergonomie, l’organisation du travail, les risques psychosociaux, l’environnement et une méthodologie différente, en impliquant des salariés pour favoriser les échanges. De son côté, le médecin du travail s’est engagé dans une démarche Evrest : chaque salarié, lors de la visite annuelle, est invité à répondre à un questionnaire qui prend en compte les conditions de travail et les risques psychosociaux, avec la volonté d’évaluer « les contraintes organisationnelles », souligne le Dr Nathalie Bernal-Thomas, qui prévoit une restitution collective des résultats de l’enquête.

Auteur

  • SOLANGE DE FRÉMINVILLE