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Enquête

LA FONCTION RH, SOUTIEN AU DÉVELOPPEMENT

Enquête | publié le : 28.08.2012 | V. Q.

Afin d’anticiper un changement d’échelle et des recrutements massifs, l’association la Clé pour l’autisme a créé un poste de DRH en 2008. Une fonction encore atypique dans le monde du médico-social.

Spécialisée à l’origine dans l’accueil d’enfants autistes et intellectuellement déficients, la Clé pour l’autisme, association située dans le Val-d’Oise, décide il y a cinq ans de s’ouvrir aux adultes. L’objectif est d’assurer une continuité de la prise en charge avec la création de structures aux différentes finalités : foyer d’accueil médicalisé, foyer de vie, centre d’initiation au travail et à la vie sociale, maison d’accueil spécialisée. À terme, l’association prévoit de gérer sept établissements et de doubler son personnel.

En prévision du changement d’échelle, le conseil d’administration recrute une directrice comptable et administrative et une DRH. Une nouveauté dans le médico-social où, traditionnellement, le directeur d’établissement est censé tout prendre en charge. Présidée par un spécialiste du management, Thierry Sibieude (qui dirige la chaire Entrepreneuriat social de l’Essec), l’association ne voit pas les choses ainsi.

Des fonctions déléguées

« Le conseil d’administration a considéré que la mission première d’un directeur était d’animer une équipe éducative, de faire vivre le projet d’établissement et d’être au maximum sur le terrain auprès de ses équipes. Par contre, ses fonctions administratives pouvaient être déléguées », explique Lydia Millot, directrice de la qualité et de l’innovation.

Il faut toute la force de persuasion du président pour faire admettre cette nouvelle organisation aux autorités de tutelle et financeurs – Agence régionale de santé et conseil général –, seules à même d’autoriser l’ouverture des établissements et des postes.

Le poste de DRH, en particulier, paraît totalement exotique ! L’appui au recrutement, par exemple : « D’ordinaire, c’est le directeur qui recrute de A à Z. Là, la DRH sélectionne les candidats par un premier entretien et passe le relais au directeur qui décide du recrutement de son équipe éducative (seuls les postes médicaux et paramédicaux sont sélectionnés directement par le directeur d’établissement). De même, il a toujours la maîtrise de son budget, mais la directrice comptable fait le contrôle de gestion et prépare le budget prévisionnel. C’est le fonctionnement d’une entreprise classique mais ce n’est pas du tout dans les mœurs du secteur. Nous avons été précurseurs », indique Lydia Millot.

En interne, la création de la fonction a globalement été bien perçue. Il faut dire que la DRH, Éliane Blanquet, forte d’une expérience de quinze ans comme DRH dans des structures associatives – humanitaire, enseignement supérieur –, connaît sa partition : « Il ne faut pas se tromper dans son rôle : la fonction RH est toujours là en prestataire et en soutien des directeurs d’établissement. On ne doit jamais être un facteur bloquant, mais aidant. Donc, il faut savoir adapter une procédure de façon à atteindre un objectif : par exemple, effectuer un recrutement dans les règles, mais s’adapter au rythme de l’établissement. De même, Il ne faut pas aller trop loin dans la standardisation des pratiques pour conserver la richesse et la créativité dans chaque établissement. »

Avec une assistante RH dédiée à la paie – réinternalisée avec la création de la fonction RH –, elle apporte son expertise et son appui sur tous les aspects RH : recrutement, formation, gestion des licenciements, négociations avec les IRP… Chaque semaine, les sujets RH sont abordés en comité de direction.

La partie recrutement est de loin celle qui l’absorbe le plus. De janvier à mars 2012 par exemple, elle a effectué 70 recrutements, dont 42 en CDI. Les besoins sont énormes, la main-d’œuvre formée rare ou volatile, la pression de la concurrence importante. Les postes d’aide à la personne, en particulier, sont difficiles à pourvoir. Une des solutions qu’elle a trouvées pour élargir son vivier : intégrer, dans les missions courtes de remplacement, des personnes sans expérience pour leur permettre d’accéder ensuite à une formation qu’elles effectueront en alternance dans l’association.

Éliane Blanquet estime que la fonction RH – et les autres fonctions supports – ont permis « d’accompagner le développement de l’association et de sortir les établissements de leur isolement. Ce ne sont plus des mini-centres de gestion très déconcentrés, mais des centres opérationnels avec une mutualisation des services supports ». Un fonctionnement qui, pour être performant, n’en reste pas moins atypique. Pour la DRH, le médico-social ne semble pas encore mûr pour cette mutation. « La fonction RRH émerge timidement, la fonction DRH n’émerge pas du tout. Le médico-social est encore bien loin de l’entrepreneuriat social… »

LA CLÉ POUR L’AUTISME

• Activité : médico-social.

• Effectif : 300 salariés (178 ETP).

• Budget : 13 millions d’euros.

Auteur

  • V. Q.