Pour l’auteur, journaliste spécialiste des investigations financières, le poids du capitalisme “de l’ombre”, celui qui joue avec les réglementations et les besoins des hommes, y compris le besoin de nourriture, est désormais supérieur à celui du capitalisme réglementé qu’on nous présente comme inséparable de la démocratie. La morale des founding fathers protestants a été oubliée et le coup de semonce de 2008 n’a rien changé à la donne. La tentative des États pour moraliser le système tend paradoxalement à renforcer les pratiques clandestines de certains investisseurs. La finance continue donc à tirer son épingle du jeu, mais en étant de plus en plus réticente à exercer son métier de base : prêter aux entreprises et aux particuliers. Or, sans argent pour investir, la croissance est tout simplement impossible. Par ailleurs, les spéculations sur les matières premières peuvent déstabiliser la vie des foyers, voire leur survie dans les pays du tiers-monde. Les bombes à retardement financières qui menacent l’ensemble du capitalisme ont souvent leur origine dans des régions de non-droit. Sans pressions internationales et sanctions dignes de ce nom, c’est l’économie du monde qui continue d’être plongée dans une zone de haute turbulence. S’attaquer à cette économie hors la loi est donc, selon l’auteur, la priorité numéro un de nos gouvernants. Si ce travail n’est pas accompli, les efforts demandés aux peuples pour apurer les dettes publiques sont rendus absurdes. Un ouvrage bien documenté qui se lit comme un roman !
Le Capitalisme hors la loi
Marc Roche, éditions Points, 256 pages, 7,50 euros.
