logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

Les JO de Londres décrochent la médaille d’or de la diversité

Pratiques | publié le : 17.07.2012 | STÉPHANIE SALTI

Image

Les JO de Londres décrochent la médaille d’or de la diversité

Crédit photo STÉPHANIE SALTI

Le comité d’organisation des Jeux olympiques de Londres a souhaité refléter le multiculturalisme de la capitale britannique dans ses procédures de recrutement. Ce fut l’un des chantiers majeurs de l’événement à venir.

Annoncée en juillet 2005, l’accession de Londres au statut de ville organisatrice des JO 2012 s’est imposée très vite comme le prétexte d’une véritable réhabilitation de l’est de la capitale britannique. Sur le papier, le pari est d’envergure : Barking and Dagenham, Hackney, Newham, Tower Hamlets, Waltham Forest et Greenwich, les six quartiers qui hébergeront pendant six semaines les JO et Jeux paralympiques du 27 juillet au 12 août, puis du 29 août au 9 septembre, rassemblent une population hétérogène et pluriethnique.

« Pour que les jeux soient un succès, il fallait impérativement que la force de travail reflète la diversité des différents lieux dans lesquels les épreuves allaient se produire », explique Steve Girdler, directeur du partenariat London 2012 au sein de la société de travail temporaire Adecco, sponsor du comité d’organisation des JO de Londres en matière de recrutement. « Nous voulions être sûrs que toutes les personnes de tous les horizons et communautés puissent participer à l’organisation de ce qui est l’un des plus importants événements sportifs mondiaux », renchérit Paul Modley, responsable senior au sein des ressources humaines du comité d’organisation des JO de Londres (Locog).

Très vite, la tâche s’annonce titanesque : au total, les Jeux olympiques et paralympiques de Londres réuniront quelque 176 000 personnes répondant à des statuts différents : 6 000 rémunérées directement par le Locog, 100 000 prestataires et jusqu’à 70 000 bénévoles. « Si nos salariés sont destinés à travailler sur des postes technologiques, aux opérations, aux relations presse et aux infrastructures, les prestataires évolueront dans des postes de sécurité ou de nettoyage. Enfin, nos bénévoles seront affectés soit à des postes généralistes comme le contrôle des billets ou, à l’inverse, à des tâches très spécialisées – personnel soignant ou antidopage », précise Paul Modley.

Le recrutement a démarré dès 2006 par la sélection des salariés, pour se poursuivre en 2010 par un programme destiné à l’embauche des volontaires : « À cette époque, nous avions laissé six semaines pour déposer une candidature, et nous avons commencé les entretiens dans neuf centres à travers le Royaume-Uni début 2011 », poursuit Paul Modley. Dans l’intervalle, le Locog décide de mettre en place dès 2008 une série de programmes de recrutement ciblés : Access Now va permettre d’embaucher des salariés handicapés, Attitude over Age s’attache à recruter des personnes de tous âges tandis qu’Action on Inclusion vise à intégrer des salariés noirs, asiatiques et issus de minorités ethniques.

Objectifs dépassés

Steve Girdler, dont la mission était de favoriser le recrutement et la formation de quelque 7 500 salariés pour le Locog au sein d’Adecco, signale que les objectifs dans l’ensemble de ces programmes ont été largement dépassés : « Nous avions prévu d’embaucher entre 7 % et 9 % de personnes handicapées, et le seuil de 9 % a été dépassé. Quant aux minorités, notre taux d’embauche a dépassé les 30 % alors que la fourchette initiale évoquait un taux compris entre 19 % à 29 % ». Un succès que le professionnel met sur le compte du travail de terrain effectué par ses équipes (68 personnes au total): « Notre démarche n’a pas simplement consisté à lancer un site Internet (www.jobsforthegames. co.uk) et à y placer des annonces, mais bien de nous rendre au sein des communautés, par exemple dans des mosquées, pour aller à la rencontre de nos futurs salariés. »

Surveillance des critères de recrutement

La société s’est donnée pour mission de traquer la diversité en concevant des systèmes de back-offices sophistiqués destinés à mesurer les progrès en matière de recrutement d’une main-d’œuvre diversifiée (selon des critères d’âge, d’appartenance religieuse ou ethnique, incapacité, etc.). Pour Adecco, la surveillance de ces critères supposait une intervention immédiate dès lors que des difficultés apparaissaient : « Il y a encore deux ans, nous parvenions à attirer un nombre significatif de personnes d’origines ethniques différentes, mais beaucoup abandonnaient avant même que la procédure de recrutement ne démarre. Nous avons donc décidé de créer un vivier de candidats talentueux (talent pool), ce qui a permis aux personnes souhaitant mettre en avant leur ethnicité d’être retenues dans plusieurs postes au sein de l’organisation des JO. Nous ne voulions surtout pas qu’un candidat se sente impropre à assurer un job, alors qu’il pouvait mieux convenir à un autre poste au sein de l’organisation. »

La clôture des Jeux olympiques de Londres ne signera pas pour autant une interruption brutale d’activité pour ces salariés : le Locog a mis en place le programme Beyond 2012 (littéralement au-delà de 2012), qui offre un certain nombre de services, y compris du coaching personnalisé, des ateliers de travail et des centres d’aide à la rédaction de CV : « Nous voulons être sûrs que nos salariés aient tout le soutien nécessaire pour avancer, et puissent utiliser l’expérience engrangée à l’occasion des JO », conclut Paul Modley.

L’ESSENTIEL

1 La préparation des JO de Londres a nécessité un vaste effort de recrutement : 6 000 salariés au comité d’organisation, 100 000 chez les prestataires et 70 000 bénévoles.

2 Une partie des jeux se déroulant dans les quartiers populaires de la capitale, les organisateurs ont inscrit la diversité parmi les objectifs de cette campagne d’embauche confiée à Adecco.

3 Le recruteur a accompli un travail de terrain approfondi auprès des différentes communautés et créé un vivier de talents issus de la diversité.

Les transports londoniens négocient une prime

Dans la perspective de conditions de travail rendues difficiles, tous les opérateurs de transports en commun londoniens ont demandé le versement d’une prime durant la période des JO cet été. Avec succès pour la plupart d’entre eux : les salariés du métro (London Underground) mais aussi ceux des opérateurs ferroviaires Network Rail, Heathrow Express et Virgin Trains recevront donc un bonus compris entre 500 (630 euros) et 900 livres (1 130 euros), auquel s’ajoutent des conditions particulières dans le cas d’heures supplémentaires.

Les conducteurs de bus restaient, début juillet, la seule catégorie de transporteurs à ne pas être parvenus à conclure un accord. Des négociations étaient en cours entre le syndicat des conducteurs de bus et le conciliateur Acas pour éviter deux journées de grève en amont des JO.

Le syndicat Unite a réclamé une prime individuelle de 500 livres pour compenser la surcharge de travail. Lors de discussions préliminaires, la direction des vingt compagnies privées gérant le réseau de bus londonien avait accepté le versement de cette somme. Mais en l’assujettissant au travail des salariés pendant la totalité des 29 jours de la durée des JO et Jeux paralympiques : une condition jugée inacceptable par les syndicats.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI