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La région tente de mobiliser les entreprises

PRATIQUES | publié le : 10.07.2012 | NATHALIE BUREAU DU COLOMBIER

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La région tente de mobiliser les entreprises

Crédit photo NATHALIE BUREAU DU COLOMBIER

En mai dernier, tous les acteurs de la validation des acquis de l’expérience (VAE) en région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont été parmi les premiers à célébrer les dix ans de ce dispositif national, en publiant un bilan des actions menées. Le nombre de candidats à la VAE a progressé de 41 %, mais il existe encore des voies d’amélioration, et les entreprises restent en retrait.

Depuis 2003, année du lancement du dispositif, 52 500 personnes ont été considérées comme recevables à la validation des acquis de l’expérience (VAE) en région Paca, et 39 000 se sont présentées devant un jury. Les principales demandes de VAE s’exercent dans les secteurs des services à la personne (aide-soignante, éducateur spécialisé), la coiffure, la sécurité. Le BTS gestion de PME-PMI rencontre également un franc succès dans le sud de la France. Au fil des ans, les mondes de l’entreprise et de l’université sont entrés dans une « phase de compréhension mutuelle. Nous sommes plus crédibles lorsque nous rencontrons des professionnels. L’avenir reste à inventer », souligne Thierry Garrot, coordonnateur académique à la formation continue dans l’enseignement supérieur (Cafces), basé à Nice.

Sur les dix années écoulées, la validation des acquis de l’expérience a connu des hauts et des bas. « Les trois premières années, nous avons constaté une forte hausse, car nous étions au début du dispositif et sur une dynamique de demande. La VAE a décliné de 2005 à 2008 pour finalement repartir à la hausse grâce à l’arrivée des diplômes du secteur sanitaire et social dans le champ de la validation. À ce moment-là, des difficultés sont apparues dans le traitement des dossiers du secteur sanitaire et les candidats devaient patienter un à deux ans pour passer devant un jury. Finalement, le ministère de la Santé a opté pour la centralisation de la VAE des affaires sociales à Limoges en 2008. Dès lors et jusqu’en 2011, la recevabilité des candidats s’est stabilisée. Derrière l’Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais, la région Paca est aux coudes à coudes avec Rhône-Alpes, avec 5 500 personnes par an jugées recevables pour une VAE », explique Régis Guillemette, chargé de mission au Carif Espace Compétences, cofinancé par le conseil régional et la préfecture de région Paca, qui exerce depuis 2002, une mission d’observation, d’animation et de professionnalisation de la VAE.

L’écart important entre les personnes recevables et celles qui passent devant un jury s’est finalement réduit en 2010. « Des personnes abandonnent ou diffèrent leur passage devant le jury. Parfois, celles sans qualification, mais ayant de l’expérience, croient que la VAE constitue une simple formalité administrative. Il ne suffit pas de se prévaloir d’une expérience professionnelle de trois ans pour obtenir le diplôme visé », rappelle Régis Guillemette.

Un processus long et coûteux

Cet écart serait-il la résultante d’un mauvais aiguillage des salariés dans le processus VAE ? « Pas forcément, elle répond à une démarche volontaire et individuelle du salarié. Après la réunion d’information, certains prennent conscience que le processus sera long, de l’ordre de neuf mois, et qu’il représente un investissement personnel. Le coût constitue un frein. Ils ne souhaitent pas en parler à leur employeur et ne peuvent l’auto-financer », précise le représentant du Carif.

Toutes ces raisons conduisent à l’abandon. Ce sont essentiellement les niveaux 3 qui jettent l’éponge faute d’être accompagnés. À partir de cet été, le conseil régional va financer des “points relais conseil”, pour mieux accompagner les personnes intéressées.

Dix ans après le lancement de la VAE, Régis Guillemette estime qu’il est nécessaire d’inscrire l’ensemble de la chaîne de service, de l’information à la validation, dans une démarche qualité.

En 2003, le taux d’abandon des candidats à la VAE était très élevé avec moins d’un candidat sur deux (42 %) qui arrivait au bout de la démarche. Aujourd’hui, le taux de validation totale atteint 64 %, en ligne avec la moyenne nationale. « Ces chiffres traduisent les efforts réalisés dans l’accompagnement. Les personnes sont davantage motivées », se félicite Régis Guillemette, ajoutant au passage qu’un diplôme en VAE a autant de valeur juridique et sociale qu’un diplôme généraliste. Dans le secteur de la petite enfance, le taux de validation totale atteint même 80 ?% à 90 %.

Peu d’engouement de la part des entreprises

L’enjeu à venir ? Remettre le pied à l’étrier à ceux n’ayant obtenu qu’une validation partielle, afin qu’ils puissent poursuivent leur cursus jusqu’au diplôme. « Les candidats à la VAE ont cinq ans pour valider les parties manquantes », souligne le représentant du Carif. Pour les salariés, la VAE constitue un moyen de reprendre confiance, d’être revalorisé. Du côté des entrepreneurs, elle pousse à l’émulation, valorise les compétences. Néanmoins, les chefs d’entreprise redoutent que les salariés, une fois la VAE en poche, ne revendiquent une augmentation de salaire. « L’entreprise est frileuse. Il n’y a pas d’engouement pour la VAE », admet Régis Guillemette. Près de 70 % des personnes engagées dans la VAE quittent leur entreprise.

Sur les 5 000 personnes qui se présentent chaque année devant un jury en Paca, 2 500 bénéficient de financements Opca, Fongecif, conseil régional et Pôle emploi. L’autre moitié s’autofinance ou bien décide de se présenter sans accompagnement… Pour les plus courageux.

L’ESSENTIEL

1 En dix ans, 39 000 salariés de Paca se sont présentés devant un jury de VAE. Le taux de validation totale est de l’ordre de 65 %.

2 Les entreprises restent encore en retrait vis-à-vis de la VAE, craignant des demandes de revalorisation par les salariés.

3 Le conseil régional va ouvrir des points infos conseils pour faire de la VAE un outil plus lisible et plus démocratisé.

LA VAE EN PACA EN 2011

→ 3 125 validations totales.

→ 1 274 validations partielles.

→ 521 dossiers non validés.

Taux de validation totale par niveau

→ Niveau 5 : 64 %.

→ Niveau 4 : 69 %.

→ Niveau 3 : 62 %.

→ Niveaux 2 & 1 : 61 %.

VAE par certificateurs

→ Enseignement secondaire : 45 %.

→ DRJSCS : 29 %.

→ Universités : 10 %.

→ Ministère de la Défense : 9 %.

→ Ministère de l’Emploi : 7 %.

Au service des salariés handicapés

L’Espace professionnel d’intégration sociale (Epis), spécialisé dans l’accueil des travailleurs handicapés, s’est lancé dans l’aventure de la VAE dans le secteur social et médico-social. « Elle nous a permis pour la première fois de qualifier un travailleur handicapé. Cette certification à moindre coût est possible pour les personnes handicapées avec un accompagnement adapté », explique Noël Toussan, directeur de l’EPIS installé à Cantaron dans les Alpes-Maritimes.

La VAE via Pôle emploi Paca

En 2009, 887 demandeurs d’emploi ont bénéficié de l’aide à la VAE en région Paca pour 492 335 euros. En 2011, Pôle emploi comptabilisait 1002 bénéficiaires pour 554 035 euros. De janvier à mai 2012, 427 candidats à la VAE se sont vu allouer 243009 euros. Les secteurs les plus représentés sont les services à la personne (351), la gestion d’entreprise, le secrétariat comptabilité, le commerce, le management et le social.

En 2011, 339 demandeurs d’emploi se sont engagés dans une VAE de niveau 3 (BTS, Deug, Deust), 312 ont opté pour un niveau 5 (BEPC, BEP, CAP) et 220 ont choisi le niveau 2 (BTN, BT, BP). L’an dernier, seulement 132 demandeurs d’emploi ont fait une demande d’aide à la VAE en région pour des niveaux 2 et 1 (licence et master, doctorat, école d’ingénieurs).

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  • NATHALIE BUREAU DU COLOMBIER