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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

« Maintenir l’obligation légale en la modulant »

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Interview | publié le : 10.07.2012 |

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« Maintenir l’obligation légale en la modulant »

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E & C : Vous n’êtes pas favorable à la suppression de l’obligation légale des employeurs (1). Pourquoi ?

É. W. : Cela a du sens que les entreprises consacrent un minimum de dépenses à la formation de leurs salariés. Mais je propose de moduler le taux de participation selon les efforts accomplis. Un bonus-malus pourrait être créé pour les entreprises les plus formatrices, en fonction du contenu des formations dispensées et des profils des salariés formés. Les entreprises doivent anticiper les ruptures de parcours des plus fragiles. Je propose par pragmatisme cette alternative à la suppression de l’obligation, car le débat n’avance pas.

E & C : Vous préconisez des formations “portables”. Quel en est le sens ?

É. W. : Une formation portable ne doit pas uniquement améliorer la performance dans l’emploi existant, mais prévenir les reconversions professionnelles, surtout dans les secteurs exposés à la concurrence internationale et employant des salariés peu qualifiés et peu mobiles. En 2010, avec Mathilde Lemoine, nous avons avancé des pistes (2) : proposer en priorité aux salariés des formations suffisamment longues, voire certifiantes pour être valorisables sur un CV. Elles devraient être évaluées par des organismes distincts des certificateurs, notées par les bénéficiaires eux-mêmes et rendues publiques.

E & C : Comment faciliter l’accès des salariés aux congés de formation ?

É. W. : CIF et DIF ne donnent pas de bons résultats, car un salarié qui souhaite se reconvertir n’ose pas l’afficher. Peut-être faudrait-il inscrire dans les négociations annuelles d’entreprise cette question pour rassurer les salariés ? Les syndicats dans l’entreprise doivent veiller au respect du droit à la formation des salariés, par une bonne maîtrise de cette question et de l’offre de formation disponible. Il faut aussi lier les droits à l’ancienneté : après quinze ans d’activité, avoir un accès prioritaire à la formation pour se réorienter. Cela implique la création de comptes temps comme pour les droits à la retraite.

(1) “Insatisfaction au travail : sortir de l’exception française”, Institut Montaigne, mai 2012.

(2) “Les mobilités des salariés”, Conseil d’analyse économique, juin 2010.