logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

DONNER LE GOÛT DE L’ACTIONNARIAT

Enquête | publié le : 10.07.2012 | LAURENT POILLOT

Tous les deux ans, le champion français de la chimie procède à une augmentation de capital afin de consolider la représentation de ses salariés. En France, 54 % ont souscrit.

Près de 40 % des 15 000 salariés du groupe Arkema (effectif avant séparation du pôle vinylique au 1er juillet 2012) ont souscrit à l’augmentation de capital clôturée le 18 avril, la troisième depuis qu’Arkema a quitté le giron de Total, en 2008. Ajoutés aux retraités ainsi qu’aux salariés de Total restés présents au capital, ils représentent 6150 acquéreurs de 535 013 actions à tarif préférentiel, pour un montant de 29,2 millions d’euros.

La direction s’est aussitôt félicitée, par voie de communiqué, du succès de l’opération menée dans un contexte boursier pourtant peu engageant. Elle a souligné que le nombre des souscripteurs a bondi de 50 % par rapport à la dernière opération de 2010, grâce à l’ouverture de cette offre aux 21 pays couverts.

Régime favorable

Les effectifs français restent cependant les principaux concernés (54 % de taux de souscription), tant l’exposition au risque est compensée par un régime fiscal favorable. L’action leur a en effet été proposée avec une décote de 20 %, en contrepartie d’une durée d’indisponibilité de cinq ans. La direction a su rendre le dispositif encore plus incitatif, en proposant d’abonder les sommes utilisées par les salariés au titre de l’intéressement. Elle a, par ailleurs, offert d’échelonner sur 24 mois le paiement du montant souscrit, via un prêt employeur à 0 % qui se rembourse par retenues sur salaire. « Cette possibilité de lisser le prix moyen d’achat favorise l’épargne régulière et nous permet de structurer nos opérations », commente Laurence Coin, responsable de la rémunération à la DRH du groupe. Jusqu’ici, ce montage a permis d’installer des rendez-vous tous les deux ans et de neutraliser les effets de Yo-Yo des cours de bourse (30 euros en 2008, 20 euros en 2010, 54 euros en 2012). La direction assure aussi que l’appétence des salariés pour ce mode d’épargne est ancienne. Les premières opérations ont été conduites en 1994, lors de la privatisation d’Elf-Aquitaine dont procède Arkema. Ce qui expliquerait que le montant moyen souscrit soit plus élevé qu’ailleurs. Il se situe à 4 700 euros, tandis que la moyenne des autres émetteurs français tourne plutôt autour de 1 000 euros investis. « Les salariés se projettent dans une épargne à long terme. Ils ont tendance à conserver leurs actions. Près de 50 % des avoirs disponibles n’ont pas été vendus. »

Représentativité croissante

Leur influence dans la gouvernance reste en revanche un mystère. Bien que détenant 5,5 % du capital de l’entreprise (contre 4,7 % en 2010), ils disposent de 12 % des droits de vote en assemblée générale ; c’est un effet des statuts de l’entreprise, qui leur attribuent un droit de vote double s’ils sont présents au capital depuis plus de deux ans. Cette représentativité croissante a permis, il y a deux ans, d’introduire un représentant des salariés actionnaires au sein du conseil d’administration. Las, il est tenu par le secret des cercles de décision : « Le retour d’information auprès de mes mandants n’est pas facile, car je détiens des informations privilégiées qui m’obligent à la confidentialité. Cette obligation est délicate pour un élu engagé à défendre les intérêts des salariés », confie Patrice Bréant, délégué syndical central CFE-CGC.

La CFDT espère entrer à son tour au conseil d’administration. « L’actionnariat peut constituer un moyen d’expression supplémentaire pour peser sur les orientations stratégiques de l’entreprise, témoigne Wilfried Monnet, le coordinateur de groupe. Nous avons pris le sujet de l’épargne salariale à bras-le-corps, en nous dotant d’une commission technique qui nous a permis d’apporter des propositions importantes lors de la mise en place du Perco en 2010. » Suite à la prochaine ouverture de capital, en 2014.

ARKEMA

• Activité : industrie chimique.

• Effectifs : 13 900 salariés, dont près de 8 000 en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 5,9 milliards d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT