Pour les entreprises, l’innovation est un peu une quête. Face à la concurrence des pays à bas coût de main-d’œuvre, elle constitue le moyen de faire la différence avec les concurrents, et parfois l’unique façon d’assurer la survie des entreprises. Mais personne n’invente sur commande, et décréter qu’il faut innover est le plus sûr moyen de stériliser la pensée.

Partant du cas de l’entreprise Swatch qui révolutionna l’industrie horlogère suisse déclinante, Gilles Carel, professeur de la chaire de gestion de l’innovation au Cnam et à Polytechnique, et Elmar Mock, co-inventeur de la montre Swatch, se livrent à la dissection d’une invention pour comprendre les conditions de son émergence. Pour faire de l’innovation, il faut réconcilier le concept (l’objet que l’on vise) et la connaissance (les savoirs produits par les sciences) et les articuler.

Les idées, d’abord issues de l’imagination, guident l’invention que la science, sous leur houlette, permet ensuite de concrétiser. Les connaissances sont inutiles sans le concept, le projet, mais il est certain que les concepts poussent au développement de nouvelles connaissances. Les conditions de cette réconciliation sont complexes mais contrôlables, sachant que ce n’est pas parce qu’une chose est contrôlable qu’elle est prédictible. Autrement dit : aucune organisation ne sera jamais sûre à l’avance d’innover, mais elle est certaine de ne pas y parvenir si elle n’essaie pas.

Le foisonnement des idées et des expériences est le meilleur moyen de dynamiser l’innovation. La priorité est ici l’action. Un chemin complexe et hasardeux pour l’entreprise, mais qui, en plus d’être lucratif à terme, lui donne son sens et sa dynamique.

La Fabrique de l’innovation

Gilles Garel et Elmar Mock, Dunod, 192 pages, 19 euros.