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Enquête

LE VIRAGE DE LA LUTTE CONTRE L’ABSENTÉISME

Enquête | publié le : 03.07.2012 | L. G.

La direction de la formation du constructeur automobile et ses partenaires sociaux ont partagé le constat des pertes dues à l’absentéisme aux cours de langues. Des mesures contraignantes ont été prises.

« Le taux d’absentéisme en formation aux langues était devenu considérable : jusqu’à 50 % en 2010 !, se souvient Marie-Laure Greffier, directrice de la formation du groupe automobile. Sur la seule région d’Île-de-France, cela nous a coûté 1,6 million d’euros en 2010, sur un total de perte dû à l’absentéisme formation en général de 2,2 millions d’euros ! Le problème des langues est que les salariés ressentent une moindre culpabilité s’ils manquent un rendez-vous sur un cursus de longue durée. Il nous fallait prendre des mesures. »

La première des mesures : partager le constat avec les partenaires sociaux : « Ils ont bien pris conscience de la situation et ont apporté un fort soutien quand ils ont vu les chiffres. » La deuxième : appliquer un plan d’actions interne à Renault et via ses fournisseurs de formation linguistique. Depuis 2011, un courrier est adressé au n + 1 du salarié à la première absence, un reporting précis est fait par les fournisseurs tous les mois, les parcours ont été restructurés par tranche de vingt heures?; au bout d’un certain nombre d’absences injustifiées, la formation est arrêtée et la facturation des fournisseurs est faite en conséquence : ils ont donc tout intérêt à être vigilants.

L’anglais, nouvelle langue du groupe

Ces mesures ont-elles porté leurs fruits ? « On enregistre une nette baisse de l’absentéisme, mais le taux reste à deux chiffres, de l’ordre de 20 % », concède Marie-Laure Greffier. Cependant, le mouvement est lancé : il faut internationaliser le groupe, donc augmenter les capacités à prendre des fonctions à l’étranger, donc maintenir la pression.

Longtemps, les formations linguistiques ont été la cinquième roue du carrosse de Renault, qui se vivait surtout comme un constructeur français pour le marché français. Mais l’accord passé avec Nissan voilà dix ans a tout changé : l’internationalisation de l’ex-régie de Billancourt pousse à une meilleure maîtrise des langues étrangères, dont bien sûr l’anglais. « La pratique de l’anglais n’était pas tellement dans nos gènes, et de plus c’est une pédagogie très particulière, mais, depuis l’accord passé avec Nissan, nous avons une forte augmentation de la consommation d’anglais, car il est devenu la langue du groupe à la place du français, confirme Marie-Laure Greffier. C’est toute l’implantation du groupe à l’international autre qu’en Europe - Espagne, Roumanie - qui pousse à cette consommation : notre travail avec Samsung, notre développement en Amérique du Sud et hors périmètre strict industriel de Renault, etc. »

L’offre de formation aux salariés est structurée selon les besoins : un niveau minimum de 750 est demandé au TOEIC lors du recrutement cadre et pour tous les statuts si le poste nécessite une maîtrise de l’anglais. La promotion cadre supérieur dépend également de l’atteinte d’un minimum de 850 points TOEIC.

« Les parcours sont construits selon le niveau initial, et individualisés par téléphone, et toutes les formules pédagogiques sont utilisées. Cependant, nous basculons de plus en plus du téléphone à la classe virtuelle, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, avec un recours à des professeurs du monde entier, pour pouvoir répondre aux besoins de nos expatriés en Corée, par exemple », constate Marie-Laure Greffier.

Des parcours adaptés

Les parcours minimums varient de 20 à 90 heures et sont renouvelés selon les besoins. Ainsi, le parcours anglais niveau 1 (A1.1 dans le classement européen) est composé de 20 heures en présentiel et 20 heures en e-learning. Le parcours de préparation à l’expatriation comporte 15 heures en e-learning et classe virtuelle, suivies de 30 heures en présentiel, puis à nouveau de 15 heures en e-learning. La consommation des cursus de formation en présentiel est prévue sur le temps de travail, mais un usage de l’e-learning libre via l’externe est toléré. Le financement est assuré par le plan de formation, mais, selon l’accord métallurgie, le DIF étant totalement éligible (et bonifié) sur le plan, une grande part des heures de formations linguistiques y sont consacrées (sur une dotation DIF de 1,2 million d’heures en 2011, 800 000 ont été consommées, le reste est en provision).

Côté réponse pédagogique, Renault a fait le choix de 100 % d’achats d’externes. « Nous fonctionnons bien sûr par cahiers des charges et appels d’offres, mais nous nous engageons sur des durées et ne pratiquons pas les enchère inversées, assure Marie-Laure Greffier. De plus, nous avons le souci de partager nos fournisseurs avec Nissan Europe. Ce qui permet des économies par la puissance d’achat, mais surtout une connaissance mutuelle et l’occasion de créer des réseaux entre 14 nationalités. Nous cherchons donc des prestataires pouvant nous accompagner systématiquement dans les deux langues. » De ce fait, seuls cinq fournisseurs linguistiques sont retenus à ce jour. Récemment, Tell Me More a pris la place de Telelangue, car la hotline technique de ce dernier n’était pas anglophone.

RENAULT

• Activité : automobiles.

• Effectif : 128 322 salariés (au 31 décembre 2011).

• Chiffre d’affaires 2011 : 42,6 milliards d’euros (ventes automobiles et financement des ventes).

Auteur

  • L. G.