La douce France chantée par Charles Trenet semble n’être plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir pour ses habitants. Dans l’Hexagone plus qu’ailleurs, la mondialisation s’est révélée brutale, participant au désenchantement du présent. Les autres sociétés démocratiques d’Europe et d’Amérique doivent, elles aussi, s’adapter à ce phénomène déstabilisateur, mais nulle part peut-être, cette transition ne s’est faite avec autant de douleur : remise en cause de l’identité et des rêves de grandeur, bien sûr, mais surtout conviction que la globalisation ne se fera dans notre pays qu’au détriment de la grande majorité des travailleurs.

Là où les entreprises occidentales ont su garder une identité nationale et préserver leurs salariés au prix d’éventuelles reconversions, La France, au contraire, a taillé dans le vif en développant ses grandes entreprises à l’étranger au détriment de l’emploi et des sous-traitants français. Ceci joint au faible dynamisme du pays en matière d’innovation fait que la France détient, paradoxalement, le record du monde des investissements directs à l’étranger du fait des grandes entreprises, alors que sa situation de sous-emploi et de déséquilibre de sa balance commerciale est toujours plus alarmante.

Les Français sont donc mécontents de leur sort, non parce qu’ils n’ont rien compris à la mondialisation ni du fait d’une bizarrerie culturelle, mais pour des raisons bien justifiées. Philippe Manière, président de la société de conseil en stratégie Footprint Consultants, leur enjoint de ne pas baisser les bras : le modèle social français a de l’avenir… à condition toutefois d’y être fidèle et de le défendre !

Le pays où la vie est plus dure

Philippe Manière, Grasset, 304 pages, 18 euros.