E & C : Comment expliquer la persistance, voire l’aggravation des difficultés des seniors ?

É. C. : L’État aurait peut-être dû imposer un cadre plus contraint pour l’application des accords seniors. En période de crise, les seniors sont visés parce qu’on leur reproche à tort de coûter plus cher qu’ils ne rapportent. Enfin, le maintien dans l’emploi des seniors est justement un sujet qui demande de l’anticipation. On en manque à la fois chez les employeurs et chez les salariés.

E & C : Comment sortir de l’impasse ?

É. C. : Il n’y a pas de recette miracle. Il faudra, comme le font certaines entreprises pharmaceutiques confrontées à l’avenir incertain de la visite médicale, imaginer les métiers de demain. Il faut capitaliser sur les connaissances des seniors. Valoriser leur expertise dans le cadre de bilans de compétences ou de validation des acquis. Le tutorat et la transmission des savoirs sont des pistes à explorer. Les tandems jeunes-seniors fonctionnent bien dans les équipes commerciales. Il va falloir de l’imagination.

E & C : La question du harcèlement moral ne vous préoccupe-t-elle pas ?

É. C. : Il y a peut-être un problème de management : il faut former les managers. D’autre part, on a parfois trop supprimé de postes de management intermédiaire. C’est extrêmement néfaste quand des salariés sont en détresse. À l’inverse, des formes de micromanagement peuvent générer du harcèlement parce qu’elles ne laissent pas assez d’indépendance et d’autonomie au salarié. L’équilibre est parfois difficile à trouver.