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Baromètre seniors Entreprise & Carrières/notretemps.com/Horemis Menway

Actualités | publié le : 03.07.2012 | CAROLINE FORNIELES

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Baromètre seniors Entreprise & Carrières/notretemps.com/Horemis Menway

Crédit photo CAROLINE FORNIELES

La vie au travail des salariés âgés ne s’est pas améliorée, au contraire. Notre 12e baromètre Seniors en entreprise indique que 6 sur 10 sont insatisfaits de leurs conditions de travail : accès à la formation réduit, stagnation des salaires, mobilité impossible… Plus grave encore, 42 % constatent un harcèlement moral lié à l’âge dans leur entreprise.

Jamais la place des seniors dans l’entreprise n’aura autant été débattue. Les relations intergénérationnelles ou le tutorat senior sont devenus des sujets RH à la mode. Et les entreprises ont dû s’engager vis-à-vis de leurs salariés âgés, avec les plans ou les accords pour l’emploi des seniors, obligatoirement signés à la fin de 2009 sous peine d’amende. La nouvelle édition de notre baromètre semestriel Seniors en entreprise Entreprise & Carrières/Notretemps.com/Horemis Men-way, pour lequel 2 171 salariés de plus de 50 ans ont été interrogés entre le 5 et le 18 juin, constate pourtant que ces seniors attendent plus que jamais les améliorations promises, et même témoignent d’une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail, que 60 % d’entre eux jugent « difficiles » ou « assez difficiles ».

Pas de consolation à attendre sur la fiche de paie

Plus grave : 42 % d’entre eux ont « le sentiment que les seniors sont victimes de harcèlement du fait de leur âge ». Un chiffre encore en hausse, puisqu’ils étaient 36 % en 2010 et 2011. Les grandes entreprises - qui ont pourtant plus de moyens d’actions - apparaissent comme les plus maltraitantes : 47 % en témoignent dans les entreprises de plus de 1 000 salariés contre 38 % dans celles de moins de 100 salariés. « Les seniors sont les premières victimes de la crise. La pression s’exerce d’abord sur eux parce qu’ils sont les plus fragiles », déplore Philippe Perret, directeur général de Menway, conseil en recrutement et en évaluation des potentiels.

Pas de consolation à attendre sur la fiche de paie : 78 % des salariés seniors interrogés n’ont reçu aucune augmentation individuelle depuis trois ans. Une proportion en constante augmentation : ils étaient 10 % de moins en 2005. 85 % d’entre eux déplorent aussi l’absence de promotion, de changement de poste ou d’affectation sur un nouveau projet depuis trois ans. Et 82 % estiment impossible de donner une nouvelle direction à leur carrière. « L’horizon des seniors semble totalement bouché et cela dès 55 ans, ajoute Philippe Perret. Il leur reste pourtant encore dix ans à travailler. »

Un horizon qu’on voit mal s’éclaircir avec si peu de bénéficiaires de formations : 69 % témoignent n’en avoir pas suivi depuis trois ans. Une proportion qui s’élève avec l’âge. Là encore, la situation s’est dégradée depuis sept ans (+ 8 %). À titre de comparaison, il est admis, pour l’ensemble des salariés, qu’un tiers est formé… chaque année. « Les entreprises doivent comprendre que des seniors motivés et formés pourraient être au contraire l’avenir de l’entreprise. C’est un peu le serpent qui se mord la queue, commente Philippe Perret. N’ayant pas de possibilité de bouger, les seniors ne voient pas l’utilité de se former. Mais, ne bénéficiant pas de formation, ils peuvent difficilement envisager un changement d’activité. »

Pour inverser la tendance, le précédent gouvernement avait pourtant rendu obligatoire l’entretien de seconde partie de carrière par la loi orientation-formation du 24 novembre 2009. Il devait être le pivot de la politique seniors en permettant d’anticiper la fin de carrière du salarié. Cet entretien apparaissait d’ailleurs dans la quasi-totalité des plans et accords seniors de 2009.

Le rendez-vous manqué de l’entretien de seconde partie de carrière

Résultat, deux ans et demi plus tard : 84 % des seniors n’en bénéficient toujours pas. De plus, pour les rares qui l’ont réalisé, les résultats ne semblent guère exploités. C’est un rendez-vous manqué pour les entreprises, essentiellement parce qu’elles n’ont pas encore réfléchi aux solutions pratiques qu’elles peuvent proposer aux seniors (lire aussi Entreprise & Carrières n° 1082).

Le baromètre indique également que les plans seniors, souvent rédigés à la seule fin de s’épargner une pénalité financière, n’ont pas été massivement mis en œuvre : 86 % des salariés seniors déclarent n’en avoir pas eu connaissance. « Peut-être l’État aurait-il dû être plus attentif à la mise en œuvre effective des plans, ajoute le directeur de Menway. Et les entreprises ont parfois simplement négligé de communiquer sur les dispositifs qu’elles proposaient. »

Le tutorat senior est aussi resté lettre morte. Troisième mesure la plus choisie par les entreprises dans les plans et accords seniors, il n’est proposé qu’à 13 % des salariés de plus de 50 ans. 75 % des seniors n’ont pas connaissance de cette possibilité dans leur entreprise. Pour ceux qui y ont accès, seuls un tiers de leurs employeurs ont prévu du temps libéré ou une rémunération complémentaire. Ce sont pourtant des éléments essentiels pour susciter des vocations (lire Entreprise et Carrières n° 1099). Et pourtant, cette fonction tutorale semble séduire les travailleurs seniors : ainsi, 56 % jugent que le contrat de génération proposé par François Hollande, et qui y fait appel, pourrait être une solution pour maintenir les seniors dans l’emploi.

60 ANS, L’ÂGE IDEAL POUR LA RETRAITE

Le repère des 60 ans représente un âge de départ idéal - c’est-à-dire sans tenir compte des contingences de financement - pour 57 % des salariés seniors, selon notre baromètre. Ils ont sans doute fait une croix sur feu les préretraites, la part de ceux qui veulent partir avant 60 ans ne cessant de diminuer (53 % en 2005 à 20 % aujourd’hui). Or, il y a sept ans, ils n’étaient que 31 % à envisager la borne des 60 ans « dans l’idéal ».

Sauf exceptions, le nouvel âge minimal de 62 ans s’impose déjà à ceux nés en 1955 et plus tard et, actuellement, l’âge moyen effectif des départs en France flirte aussi avec les 62 ans. Les seniors ne sont pas non plus prêts à travailler au-delà de l’âge de la retraite : seuls 23 % envisagent le cumul emploi-retraite. Reste qu’un quart des seniors sont dans le flou concernant l’âge de leur départ. Une proportion qui ne diminue pas depuis 2005, malgré les progrès en matière d’information réalisés par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Par ailleurs, seuls 22 % des salariés ont bénéficié dans leur entreprise d’une information sur la retraite ou d’un bilan retraite.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES