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Enquête

VERS L’ACCÈS AU RÉSEAU SOCIAL INTERNE

Enquête | publié le : 26.06.2012 | MARTINE ROSSARD

Dans l’une des rares entreprises à vouloir un intranet syndical véritablement interactif, les négociations sont en sommeil.

Après plusieurs mois d’interruption, la négociation sur le “dialogue social 2.0”, permettant aux organisations syndicales d’Alcatel-Lucent d’utiliser le réseau social interne Engage, n’avait toujours pas repris à la mi-juin. Il s’agit d’offrir aux syndicats « la possibilité d’informer les salariés, de créer des forums de discussion et de favoriser un travail collaboratif via le Web 2.0 », déclare Sébastien Lebreton, DRH France du groupe Alcatel-Lucent.

Les syndicats du groupe disposent déjà tous d’un blog externe. Le réseau interne Engage couvre les 80 000 salariés d’Alcatel-Lucent, dont 80 % d’ingénieurs, répartis dans 130 pays. Selon la direction, 60 000 salariés ont ouvert un compte, 45 000 consultent, dont 30 000 en contribuant activement aux groupes de discussion, ouverts ou fermés, essentiellement professionnels, autour de projets.

La négociation de Dialogue 2.0 concerne le seul groupe Alcatel-Lucent en France et sera menée avec les trois syndicats représentatifs, CFDT, CGT et CFE-CGC. Elle vise 9 500 salariés de 15 sites et quelque 120 élus et désignés, dont ceux de la CFTC, représentative seulement sur quelques sites. Les discussions qui avaient débuté en janvier avaient été suspendues en raison des tensions autour de la négociation salariale. « J’aimerais signer en 2012. D’ailleurs, les syndicats pourraient vouloir accélérer, car les élections professionnelles auront lieu en octobre », indique Sébastien Lebreton. Pour la CFDT, majoritaire, les élections devront plutôt servir de « phase expérimentale » avant toute signature d’accord.

« Tout syndicat pourrait disposer d’un espace interactif sur Engage, avoir un fil d’actualité auquel les salariés s’abonneraient et réagiraient, explique Hervé Lassalle, chef de file de la CFDT.

Mais la diffusion de tracts papier dans les bureaux se poursuivra, car elle permet des échanges. » Selon lui, trois ou quatre militants cédétistes alimenteront le fil et répondront aux questions. Côté direction comme côté syndical, on s’est interrogé sur d’éventuels « débordements », mais le risque, jugé faible, devrait être jugulé par quelques règles qui restent à établir. On a aussi parlé de confidentialité. « Je ne suis pas méfiant, mais certains négociateurs veulent que la direction s’engage à ne pas venir fouiller dans les échanges syndicaux », précise Hervé Lassalle. Bernard Delande, DS CFTC du site de Villarceaux, est très critique vis-à-vis d’Engage, « car l’utilisateur doit s’identifier et on ne maîtrise pas l’utilisation des données postées. De plus, des salariés pourraient faire pression sur des négociations, c’est potentiellement dangereux », dénonce-t-il.

Expression des collectifs

Sébastien Lebreton, lui, voit de façon très positive l’émergence de la parole des salariés, notamment ceux organisés dans des collectifs comme Strong’Her, des femmes à haut potentiel, ou Equal, pour la reconnaissance de droits aux LGBT (lesbiennes, gays, bi et transexuels). « Nous pourrions les inviter à la table des négociations comme experts et évoluer vers des accords de troisième type », s’avance-t-il, tout en assurant que « non, il ne s’agit pas de court-circuiter les organisations syndicales ».

La question se pose cependant. À la CFDT, on n’a guère apprécié le lobbying de Strong’her au moment des récentes négociations sur l’égalité professionnelle. « Elles peuvent s’exprimer, mais n’ont pas la légitimité démocratique et la vision de l’intérêt général », estime Hervé Lassalle.

ALCATEL-LUCENT

• Activité : solutions informatiques.

• Effectifs : 9 500 salariés en France (80 000 dans le monde).

• Chiffre d’affaires monde : 15,3 milliards d’euros en 2011.

Auteur

  • MARTINE ROSSARD