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Enquête

LES SYNDICATS ONT DÉSERTÉ L’INTRANET

Enquête | publié le : 26.06.2012 | MARIETTE KAMMERER

La plupart des syndicats de Renault ont quitté l’intranet, trop peu fonctionnel et interactif selon eux. En attendant peut-être de créer leurs réseaux sociaux internes, ils utilisent Internet et le bon vieux tract.

Chez Renault, la charte qui encadre l’utilisation des NTIC par les syndicats n’a pas été réactualisée depuis… l’an 2000. Elle prévoit un espace dédié à chaque organisation syndicale (OS) sur l’intranet de l’entreprise mais, dans les faits, plusieurs syndicats ont déserté cet espace depuis quatre ou cinq ans pour créer leur propre site Internet. Essentiellement pour des raisons techniques.

« L’intranet offrait une technologie qui n’était ni conviviale ni fonctionnelle et les forums y étaient interdits, explique Franck Daout, délégué CFDT. La direction n’a pas souhaité la faire évoluer malgré nos demandes répétées. Finalement, c’est peut-être mieux d’être chacun chez soi, cela évite d’avoir des pressions de la direction ou de s’autocensurer. » La direction, qui dément avoir été sollicitée sur le sujet, affirme consulter régulièrement les sites des OS, accessibles par un lien depuis l’intranet.

La section CFDT de Rueil-Lardy a aussi un blog, ouvert à tous sur Internet, permettant une plus grande réactivité que le site : « On y aborde des sujets plus larges, politiques, philosophiques. La direction nous a interpellés une fois, à la suite de commentaires déplacés d’internautes sur un sujet de société. » Philippe Brismontier, responsable des relations sociales de Renault France, n’est pas au courant de cet épisode et dit ne pas connaître de blogs syndicaux…

Consulter les sites syndicaux est un moyen pour la direction de prendre la température sur des sujets sensibles pour les syndicats. « On y trouve des analyses intéressantes, des travaux sur la situation de l’entreprise, c’est l’occasion d’en débattre avec eux quand des résultats d’enquête nous paraissent sujets à interprétation, par exemple dernièrement sur les rémunérations », rapporte Philippe Brismontier. La direction va mettre en place prochainement des réseaux sociaux d’entreprise, et ne voit pas de raison d’en exclure les syndicats. Reste à déterminer comment ces derniers pourront les utiliser ou avoir leurs propres réseaux sociaux dans l’entreprise. Cela donnera lieu à la renégociation de la charte sur l’utilisation des NTIC à l’automne prochain. « Nous n’avons jamais eu à reprendre les OS sur le contenu de leur site, et elles ont toujours respecté la confidentialité des informations transmises en CCE ou en comité stratégique. Nous n’avons pas d’inquiétude sur ce point », ajoute-t-il.

Les NTIC semblent avoir finalement peu d’impact sur les relations sociales dans l’entreprise, hormis une tendance à l’accélération du dialogue, que les syndicats s’efforcent de contrecarrer. « Il faut laisser le temps à la discussion, quelle que soit la rapidité des outils de communication », rappelle Franck Daout.

L’indispensable travail de terrain

Et pour une information urgente aux salariés, en cas de tensions ou de conflit social par exemple, ce sont les moyens traditionnels qui sont plébiscités : « Rien ne vaut une affiche ou un bon vieux tract remis en main propre à la cantine, affirme Franck Daout. Le tract donne l’information essentielle, allégée, que les salariés peuvent approfondir en se rendant sur le site, où sont traités les dossiers de fond. » « Cela correspond aussi à la culture syndicale industrielle, ajoute Philippe Brismontier, car les conflits sociaux partent souvent de la production, des chaînes de montage, où les gens ne sont pas connectés en permanence. »

Par ailleurs, les syndicats utilisent peu les réseaux sociaux de type Facebook ou Twitter : « Cela permet une immédiateté qui, selon moi, n’apporte rien à l’action ou à la réflexion syndicale, estime le délégué CFDT. J’ai constaté aussi que les forums prennent beaucoup de temps sans être très constructifs ni efficaces. » En définitive, les NTIC sont pour les syndicats un moyen de plus pour communiquer et se faire connaître, mais ne remplacent en aucun cas le contact humain et le travail de terrain auprès des salariés.

RENAULT

• Activité : constructeur automobile.

• Effectifs Renault SAS : 36 834 collaborateurs.

Chiffre d’affaires du groupe en 2011 : 42,6 milliards d’euros.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER