Outre le fait que, pour Marc Halévy, physicien et philosophe, spécialiste des environnements complexes, l’économie et a fortiori la finance ne sont pas des sciences exactes mais le reflet de ce que les hommes veulent bien mettre sous les termes de PIB, valeur de la monnaie, richesse, etc., ces concepts pseudo-scientifiques ignorent complètement ce qui fait la valeur de la vie pour les hommes.
Concernant l’entreprise, la réduire à un calcul prétendument rationnel de rentabilité et de valeur ajoutée fait perdre de vue sa dimension humaine. Une économie moderne n’est viable, selon lui, qu’à la condition de développer les activités productives et créatives, sous l’égide d’un pouvoir politique garant des valeurs et de la paix, dans une logique de frugalité qui valorise les métiers et les savoir-faire.
Faute de prendre en compte les valeurs immatérielles pour n’encenser que celles, matérielles, de la consommation, nos économies ne sont pas des économies de l’abondance mais ont durablement pris la voie de la pénurie. Pour inverser la tendance, il faudrait augmenter le stock des ressources disponibles aujourd’hui ; non tant des ressources énergétiques et matérielles que celles “compétencielles” des hommes.
Il conviendrait, par ailleurs, de diminuer les « appétences consommatoires », d’arrêter la planche à billets et d’augmenter la capacité de production de valeur économique en investissant dans la connaissance et l’intelligence pour faire beaucoup mieux avec moins. Un programme étonnant et utopiste, qui peut donner à réfléchir.
Vers une autre économie
Marc Halévy, éditions Dangles, 208 pages, 19 euros.
