Penser autrement et apporter des réponses novatrices aux situations d’aujourd’hui, voilà une excellente idée. Mais comment y parvenir quand nos neurones ont tracé depuis des années des sillons profonds dans notre cerveau, comme autant d’autoroutes ? Si le premier défi est de sortir de la pensée conventionnelle de son entourage ou même de son époque, le deuxième est encore plus ardu : s’extraire de ses schémas de pensée personnels. Quelques pratiques peuvent nous faire avantageusement progresser.

Être curieux de tout. Celui que rien n’étonne et qui passe son temps à dire « je sais » se maintient dans ses autoroutes de pensée. Être pleinement vivant, c’est accepter d’être surpris. Parmi les expériences à tenter : se promener dans son quartier en se mettant dans la peau d’un touriste, noter des détails que l’on n’a jamais vus, côtoyer des milieux variés, feuilleter un magazine aux antipodes de ses points de vue, écouter son équipe comme si c’était la première fois… La curiosité est la porte d’entrée de l’intelligence, les grands génies nous l’ont souvent prouvé, eux qui s’intéressaient à tant de sujets différents !

Poser des questions. L’art des questions (et non celui des réponses !) conduit de façon sûre à l’assouplissement des schémas mentaux. Dans ce registre, certaines équipes pratiquent l’exploration d’un sujet en se demandant « pourquoi ? » et, sur chaque réponse, elles se posent à nouveau la question, jusqu’à cinq fois de suite. C’est un bon moyen de challenger les idées reçues et de sortir de la routine. Dans les conversations avec nos interlocuteurs, évitons également de répondre immédiatement et posons plutôt une question d’exploration. Par exemple, au lieu de réagir contre une suggestion qui nous semble stupide en lançant : « Cela ne marchera pas ! », demandons plutôt à la personne : « Qu’est-ce qui t’a fait penser à cette idée ? ». Cette habitude, à elle seule, peut révolutionner notre façon d’échanger avec les autres.

Changer d’histoire. Avez-vous remarqué qu’on se présente toujours de la même façon ? On cite sa fonction ou ce que l’on fait dans la vie, on commente sa “biographie” récente. Sortons de la rengaine et tentons autre chose : par exemple, se présenter en parlant de ses projets futurs au lieu de réciter éternellement le passé : il ne s’agit pas d’affabuler, bien sûr, mais de transformer son regard sur soi en changeant l’histoire que l’on se raconte sur soi-même. L’expérience est très rafraîchissante.

Trier, éliminer. L’homme moderne est doué pour rajouter des idées à son plan d’action et lancer de nouveaux projets. Mais il oublie de faire de la place pour le neuf. Excellente pratique pour les équipes surchargées : se demander régulièrement « Que peut-on arrêter de faire sans nuire gravement à notre activité ? ». Et on élimine.

S’immerger dans des expériences inédites. Elles créent une rupture dans notre vécu et permettent de penser différem-ment : voyages inhabituels, engagement bénévole pour des causes écologiques ou humanitaires, immersion dans le monde des start-up, cours sur un art que l’on n’a jamais pratiqué, se rendre à son travail à vélo si l’on est adepte de la voiture, etc. Il n’y a pas de limite aux bonnes idées, et notre cerveau se prend une grande bouffée d’air !