Les corps intermédiaires peinent à trouver leur place et leur rôle dans la société française. Cette année encore, le 1er mai a été l’occasion pour la présidence en place de dénoncer une emprise syndicale. Comme si, avec ses 8 % de militants, dont 4 % seulement dans le secteur privé, la France souffrait d’une inflation syndicale ! Comme si un pays moderne pouvait se passer d’interlocuteurs salariés et laisser aux seules directions d’entreprise la responsabilité du travail et de l’emploi !
Laurent Tertrais, diplômé de sciences politiques, rappelle les difficultés de l’action syndicale quand le travail se précarise et que les responsabilités patronales se diluent dans les méandres de la mondialisation. Mais au-delà, il explique comment les syndicalistes, qui ont une vision transverse de la société, sont et doivent rester des acteurs politiques à part entière pour gérer les problèmes liés à la vie professionnelle, là où ils se trouvent.
Alors que la plupart des pays européens ont su harmoniser la relation entre les sphères politique et sociale, la France entretient un échange politique immature entre patronat, syndicats et État. Dans la mesure où il ne sait pas faire leur place aux corps intermédiaires, dont les syndicats, le pays a raté son rendez-vous avec la social-démocratie. Celle-ci exigerait au contraire de donner toute sa place à la négociation contractuelle plutôt que de continuellement substituer la loi à des réformes qui pourraient arriver à maturité sur le terrain. Un plaidoyer en faveur d’une action syndicale en phase avec les profondes mutations économiques et sociales de ce début de 21e siècle !
La Promesse syndicale
Laurent Tertrais, Michalon, 160 pages, 15 euros.
