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SEAFRANCE, UNE SCOP À L’OMBRE D’EUROTUNNEL

Actualités | publié le : 19.06.2012 | STÉPHANIE MAURICE

C’est acquis, SeaFrance va renaître sous forme de société coopérative ouvrière de production (Scop), un projet porté par une partie des anciens salariés de la compagnie transmanche, liquidée le 19 janvier dernier. Le 11 juin, le tribunal de commerce de Paris a finalement accepté l’offre de 65 millions d’euros déposée par Eurotunnel pour la reprise des actifs de SeaFrance.

EuroTransmanche, filiale d’Eurotunnel créée pour l’occasion, acquiert la marque SeaFrance, ses fichiers clients et surtout trois navires : deux ferries, mixant passagers et camions, et un fréteur, spécialisé dans le transport des marchandises. Ceci avec l’aide des collectivités locales : la région a évoqué la somme de 10 millions d’euros, la ville de Calais, un million. Euro-Transmanche louera les bateaux, en leasing longue durée pour un montant gardé secret, à la Scop, qui n’avait pas les fonds nécessaires pour se porter acquéreur. Celle-ci sera donc chargée de l’exploitation maritime. Une autre filiale d’Eurotunnel se chargera de la partie commerciale et réservera les capacités nécessaires sur les ferries. Au départ, elle assurera 100 % du remplissage des navires, ensuite, ce sera à la Scop de diversifier ses clients.

« Nous complétons notre offre, commente Fabienne Lissak, directrice de la communication d’Eurotunnel. Dans le tunnel, les camions à gros gabarit ne passent pas, ni les transports de matières dangereuses. Et du côté passagers, certains clients préfèrent payer moins cher en prenant le ferry, mais avec une qualité de service que ne propose pas le low cost, avec une french touch. »

La Scop prévoit d’embaucher à terme 510 personnes ; 300 le seront rapidement pour la réouverture de la ligne Calais-Douvres, sans doute fin juillet, après les contrôles techniques nécessaires sur les deux ferries.

Le fréteur devrait reprendre du service entre septembre et octobre, espère Jean-Michel Giguet, ancien membre du directoire de Brittany Ferries, aujourd’hui président du directoire de la Scop. Celui-ci est présidé par Didier Cappelle, retraité de SeaFrance, responsable du Syndicat maritime Nord, l’ancien syndicat majoritaire, ex-CFDT, dont la confédération nationale a décidé la radiation en mars dernier pour une gestion du conflit qu’elle estimait jusqu’au-boutiste.

5 000 euros de parts

Les salariés embauchés devront acquérir pour 5 000 euros de parts de la Scop. La SNCF versera pour chaque ancien SeaFrance une prime de 25 000 euros à la société coopérative, une mesure prévue dans le PSE et voulue par l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Un ancien de la maison, qui travaille aujourd’hui pour une compagnie concurrente sur le détroit, estime qu’Eurotunnel ne prend aucun risque : « Il a joué un excellent coup en achetant des bateaux à bas prix, et en verrouillant la concurrence. Il n’a même pas besoin de croire au business plan de la Scop : si elle échoue, il peut louer les navires à quelqu’un d’autre ou les vendre. »

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE