logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

O.T.E. TRANSMET SON CAPITAL EN INTERNE

Pratiques | publié le : 12.06.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

La société d’ingénierie a construit un mécanisme progressif et inédit d’acquisition par cooptation de parts de capital par des salariés volontaires, puis de cession en interne.

Quatre salariés trentenaires et quadragénaires d’OTE deviendront cet automne associés de la société d’ingénierie alsacienne. Ils achèteront leurs parts auprès de collègues plus âgés de vingt ou trente ans. Une opération qui perpétuera le mécanisme original d’acquisition-transmission du capital d’OTE. Son principe : un salarié peut demander à entrer au capital vers l’âge de 35 ans ; les associés se prononcent sur sa cooptation, qui sera validée en dernier lieu par les cinq d’entre eux formant le directoire.

Un salarié peut acquérir trois parts par an pendant vingt ans, jusqu’à 55 ans, sans pouvoir dépasser 10 % du capital. À partir de 58 ans, l’associé a la double obligation de revendre progressivement pendant dix ans au rythme de 6 parts par an et de le faire auprès d’un collègue plus jeune. L’associé qui démissionne pendant la période d’achat doit, lui aussi, transmettre en interne.

OTE compte aujourd’hui 25 associés – cadres, ingénieurs, techniciens pour l’essentiel – sur un effectif de 200 personnes. Ce nombre d’associés reste stable dans le temps, les entrées compensant les sorties.

Garantie d’indépendance et stabilité

Ce système repose sur une charte interne, acte sous seing privé, et ne figure pas dans le contrat de travail. Sans forte base juridique, il fonctionne néanmoins bien dans les faits. Il garantit à l’entreprise l’indépendance et la stabilité de l’actionnariat. « Ce système a empêché des tentatives de rachat. Il n’a toutefois pas été institué dans un état d’esprit défensif. Son objectif consiste à donner la propriété de l’entreprise à ceux qui y travaillent et à bien préparer la succession des dirigeants. Trois générations siègent au directoire actuellement », souligne Jean-Ernest Keller, président du directoire. « Tous les cinq ans, nous nous reposons la question de la pertinence du dispositif. Et la réponse a toujours été positive », ajoute-t-il.

Pour l’achat des parts, il n’y a pas de bonus lié à la position hiérarchique. Aujourd’hui, le plus « gros » actionnaire est un chef d’agence, détenteur de 9,4 %. La valeur d’une part atteint environ 2 500 euros. Réactualisée chaque année, elle varie peu. Elle repose sur le niveau des capitaux propres, un mode de calcul relativement peu valorisant… mais pleinement assumé : « Nous ne voulons pas d’un ticket d’entrée dissuasif pour les jeunes », indique Jean-Ernest Keller.

Un aspect apprécié des salariés « à un moment de la vie où ils engagent aussi des dépenses lourdes comme l’achat d’un logement », commente Ludovic Dresse, chef de projet et associé depuis quatre ans. Mais s’il n’y a pas de plus-value à la revente, un dividende est versé dès que le résultat le permet.

Reconnaissance interne et externe

Pour devenir associé à OTE, il faut jouir d’une « reconnaissance interne et externe » : un savoir-faire apprécié des clients et repéré en interne – par l’observation au quotidien plus que par l’évaluation annuelle – en même temps qu’un attachement à l’entreprise (cinq à dix ans d’ancienneté). La direction est confiante sur la pérennité de son initiative. « Nous avons rarement refusé un candidat. Et on s’est rarement trompé. C’est une gymnastique continue pour maintenir le même nombre d’associés, mais on y arrive, ajoute Patrick Lullin, directeur général. Nous n’avons pas à gérer un turnover plus marqué que par le passé. » Côté salarié, c’est clairement un outil de fidélisation. « Si une opportunité d’embauche se présentait, c’est sûr que le fait d’avoir des parts dans OTE pèserait. C’est un facteur d’attachement à l’entreprise », conclut Ludovic Dresse.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON