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ALLEMAGNELA MÉTALLURGIE AJOUTE DES DROITS AUX INTÉRIMAIRES

Pratiques | International | publié le : 12.06.2012 | PAR MARION LEO

Le syndicat de la métallurgie IG Metall, qui se bat depuis des années contre le recours à l’intérim, jugé abusif, a conclu deux accords collectifs qui réduisent le clivage entre les salariés maison et le personnel intérimaire.

À compter du 1er no vembre 2012, les quelque 240 000 intérimaires employés dans les entreprises métallurgiques toucheront un salaire nettement plus élevé que maintenant. Le syndicat de la métallurgie IG Metall et les deux principales fédérations patronales allemandes de l’Intérim (BAP et IGZ) ont en effet adopté, le 23 mai, un accord collectif inédit qui instaure un système de “primes de branches”, dont le montant dépendra de la durée de la mission de l’intérimaire. À partir de six semaines de présence dans l’entreprise, l’intérimaire bénéficiera d’une prime s’élevant à 15 % de son salaire. Elle sera ensuite relevée, par palier, pour atteindre 50 % après une mission de neuf mois dans l’entreprise.

Hausse des emplois précaires

Pour IG Metall, cet accord constitue une réelle avancée. Car selon lui, le “boom de l’emploi” actuel en Allemagne (avec un taux de chômage de 6,7 % en mai 2012) s’explique en grande partie par une explosion des emplois précaires : CDD, emplois à temps partiel et surtout intérim. Depuis 2010, plus de la moitié des postes créés sont occupés par des intérimaires. Dans l’usine de BMW à Leipzig, ils forment même environ 30 % du personnel.

« Au départ, l’intérim avait pour objectif de permettre aux entreprises de réagir à des situations exceptionnelles. Aujourd’hui, un nombre croissant d’entreprises y recourt de manière systématique pour remplacer une partie de leurs salariés permanents par une main-d’œuvre flexible et surtout bon marché. Ces derniers sont parfois payés de 30 % à 40 % moins chers que les salariés maison », dénonce Jörg Köther, porte-parole d’IG Metall. Selon lui, le nouvel accord apportera désormais davantage d’équité en réduisant fortement l’écart salarial entre les salariés fixes et les intérimaires. En Allemagne, cet écart existe, car contrairement à la plupart des pays voisins, elle n’est pas obligée de transcrire la directive européenne sur l’intérim et l’égalité salariale, les intérimaires étant engagés en CDI par les agences d’intérim.

Mais le volet salarial n’est qu’un aspect des avancées obtenues par IG Metall. Le syndicat a également adopté, le 21 mai, dans le cadre de son accord collectif dans la métallurgie, un autre texte qui accorde un droit de regard plus élevé aux comités d’entreprise sur le recours à l’intérim.

Accord nécessaire du CE

Principal progrès : après vingt-quatre mois de présence, l’intérimaire devra être embauché en CDI par l’entreprise. Dans une première partie, l’accord fixe un ensemble de règles générales valables pour toutes les entreprises. Parmi elles : l’emploi de travailleurs temporaires ne doit pas porter préjudice aux conditions de travail et de rémunération des salariés permanents et menacer les postes existants. Le recours à l’intérim est conditionné à des critères précis et nécessite l’accord du CE.

Dans une seconde partie, l’accord collectif précise que les entreprises pourront également négocier avec leurs CE des accords d’entreprise plus avantageux sur le recours à l’intérim (motif, volume, rémunération, durée maximale d’emploi…). « Cet accord va contribuer à réduire le clivage dans les entreprises et sur le marché de l’emploi, et apportera plus de sécurité aux travailleurs temporaires », s’est félicité Berthold Huber, président d’IG Metall.

Côté patronal, ces accords ont été en revanche accueillis avec des grincements de dents. Selon les fédérations patronales du secteur, ils risquent de renchérir le coût de l’intérim et d’enrayer son rôle de moteur de l’emploi. En réalité, elles n’ont donné leur feu vert que sous l’effet de la contrainte. Début 2011, la ministre du Travail avait en effet demandé aux partenaires sociaux de trouver un accord pour améliorer la situation des intérimaires et menacé de légiférer en cas d’échec des négociations. Mission accomplie, estime aujourd’hui le patronat.

Auteur

  • PAR MARION LEO